Sur le déclin du catholicisme européen - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Sur le déclin du catholicisme européen

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La revue Esprit consacre, dans sa dernière livraison, un dossier au « déclin du catholicisme européen »*. Le sujet vaut sans aucun doute la réflexion distanciée d’une revue culturelle qui compte toujours dans le débat intellectuel en France. Pour beaucoup de ses rédacteurs, le catholicisme n’est pas une réalité extérieure. Il est l’objet d’une douloureuse confrontation à la fois subjective et historique. La nostalgie des années soixante s’exprime avec le deuil d’un certain projet. Ah que la réforme de l’Église était belle avant la fatale encyclique Humanae Vitae de 1968 ! Il est significatif que l’ensemble du dossier concerne la sexualité et la contraception qui, pour les intéressés, explique le fossé qui s’est creusé entre le Magistère et les Européens.
Mais alors nos amis protestants, qui se sont alignés sans trop de difficultés sur la philosophie libérale des mœurs, devraient s’en tirer beaucoup mieux ? Il est trop évident que non. Mais Esprit ne s’est pas risqué à étendre son enquête au protestantisme européen, non sans dommages pour la thèse avancée. Que le nombre des avortements ne diminue pas en France, alors que la mentalité contraceptive y est triomphante, ne trouble en rien nos intellectuels critiques pour qui toute contestation de ce que Clavel appelait l’immaculée contraception relève du blasphème absolu contre la modernité. Par ailleurs, on a tout de même le droit de s’interroger sur ce discours ressassé sans fin, à propos de l’incapacité à communiquer du magistère  ecclésial, qui ne chercherait que le commentaire approbateur et la diffusion maximale. Excusez-nous, mais il s’agit là d’une énorme blague qui permet d’effacer toute remise en cause du système de la « com. » contemporaine et de ses impasses.

Il y a bien sûr d’autres questions de fond posées par ce dossier, avec sa complaisance pour la déconstruction et ce qu’elle dénote de ralliement à un certain courant luthérano-heideggerien. Justement, la résistance du catholicisme à ce type de dérives renvoie à une cohérence théologique de fond. Hors toute référence officielle, la plus profonde culture européenne nous invite, tel Thomas Mann dans Le docteur Faustus, à nous interroger sur les conséquences de la rupture entre la lettre et l’esprit, au profit de tous les carrés magiques de la subjectivité triomphante

* Esprit, février 2010. Je reviendrai sur ces thématiques dans mon « Journal ».

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Sommaire du dossier d’Esprit :

SCHLEGEL Jean-Louis

Adieu au catholicisme en France et en Europe ?

Introduction

FOURCADE Michel

Il n’en restera pierre sur pierre… Les origines antiromaines de la déconstruction

Les philosophes français de la « déconstruction » comme Michel Deguy, Gérard Granel ou Jean-Luc Nancy n’étaient pas, au moment de leur formation, étrangers au monde catholique. Leur choix philosophique apparaît même intimement lié au sentiment que le chantier de reconstruction philosophique du concile avait été…

LANGLOIS Claude

Sexe, modernité et catholicisme. Les origines oubliées

Les autorités de l’Église défendent les positions dogmatiques sur la sexualité en soulignant la continuité du discours romain. Or, pour l’historien qui s’est plongé dans les archives, la réalité apparaît tout autre, en particulier quand on observe les interrogations pastorales du clergé tout au long du XIXe siècle….

GREMION Catherine


La décision dans l’Église. Contraception, procréation assistée, avortement : trois moments clés

Dans ses déclarations de principe, l’Église défend un mode de prise de décision ouvert : collégialité, concertation, prise en compte des laïcs… Or, les décisions qui ont provoqué le plus d’incompréhension dans le monde catholique ont été, à l’inverse, édictées de manière opaque et…

CAROUX Jacques et RAJOTTE Pierre

Sur la route de Saint-Jacques. Traces mémorielles et intrigues identitaires.