La Savoie se situe dans le fameux « croissant baroque » qui s’étend de la péninsule ibérique à l’Italie, l’Allemagne du Sud, l’Autriche, la Bohême et la Slovaquie, en passant par certaines régions de France et la Flandre. Comme dans le reste de la Savoie (Tarentaise et Maurienne), cet art joyeux et coloré s’y déploie aux XVIIe et XVIIIe siècles comme le plus beau fruit du concile de Trente.
Les retables de Haute-Savoie, comme leurs frères de Savoie, sont en bois sculpté, polychromé de couleurs vives et de rutilante feuille d’or. Les artistes sont locaux ou viennent d’Italie, en particulier de la Valsesia, au nord du val d’Aoste. Les façades sont austères, et c’est à l’intérieur que se déploie la magnificence baroque.
Les clochers, en revanche, sont bien différents des sobres clochers de pierre de Tarentaise et de Maurienne. Triomphe du savoir-faire des chaudronniers, ils étagent leurs bulbes superposés en flèches effilées couvertes de zinc, qui leur donne un éclat métallique particulier au soleil.
Commençons notre périple aux Houches, près de Chamonix, au pied du mont Blanc. L’église Saint-Jean-Baptiste est assez banale à l’extérieur. On pousse la porte et, dans la pénombre, voici que brillent les ors d’un splendide retable baroque situé au-dessus du maître-autel : le Baptême du Christ, environné d’un peuple de statues et de colonnes torses, bleu ciel et or. Deux autres retables baroques trouvent place dans cette petite église.
Les Contamines-Montjoie est un joli village de chalets au pied du mont Blanc. La façade de l’église paroissiale est peinte, ainsi que l’auvent du toit. Elle possède trois retables de couleurs bleu, vert et or. Non loin, la chapelle de pèlerinage Notre-Dame-de-La-Gorge est une merveille avec sa façade peinte qui s’enchâsse dans les sapins, et ses trois retables rutilants.
Le village de Cordon se laisse trouver au bout d’une petite vallée secondaire de la haute vallée de l’Arve, entre Sallanches et Combloux. Le clocher à bulbe de Notre-Dame-de-l’Assomption se profile sur le mont Blanc. L’intérieur baroque fut peint par le Suisse Léonard Isler et son retable scintille d’ors et d’angelots. L’art baroque a horreur de tout ce qui est plan, ainsi que de la symétrie. Les retables des maîtres-autels se soulèvent en une puissante houle concave et convexe, comme à Saint-Nicolas-de-Véroce, une des plus belles églises de toute la région.
Plus à l’ouest, Combloux détache son clocher à deux bulbes argentés sur le mont Blanc : une vraie carte postale… Plus au nord, le retable de Saint-Pierre d’Argentière resplendit de couleurs gaies et éclatantes – vermillon, vert émeraude –, au-dessus d’un magnifique tabernacle doré. La feuille d’or luit doucement ; l’or est la couleur de la divinité et de l’éternité. Les colonnes torses sont une des signatures du baroque, qui refuse la ligne droite et les utilise à la place des ordres antiques dorique, ionique et corinthien. On les appelle « colonnes salomoniques » en référence au Temple de Salomon.
Retrouvez l’article complet dans notre numéro spécial consacré à saint François de Sales.
