La Convention climat, qui vient de rendre ses conclusions, suscite des réactions diverses, allant de l’enthousiasme au scepticisme. Pourtant, il ne s’élève aucune voix pour dénier l’importance de l’impératif écologique. Le problème est de savoir si ces 150 citoyens tirés au sort pour présenter aux pouvoirs publics les mesures nécessaires afin de répondre à ce formidable enjeu, ont su être à la hauteur de l’objectif. Pour les uns, le pari a été réussi. Des propositions précises pour réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre ont été formulées « dans un esprit de justice sociale ». Mais pour d’autres rien de vraiment original n’est sorti de ces délibérations. N’importe quelle instance compétente auraient pu accomplir un travail analogue. Pour Guillaume Tabard, du Figaro, manque cet effet « Waouh » après lequel courent en vain les responsables politiques et qui ferait dire « Ça, on n’y avait pas pensé, on ne l’aurait pas imaginé ».
Quoi qu’il en soit, la Convention aura eu le mérite d’exister, avec cette invention d’un mode de participation qui renouvelle quelque peu les procédures ordinaires. Certes, il y a des précédents, tel, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, un Grenelle de l’environnement qui avait été entouré d’une grand publicité. Hélas, la crise de 2008 en avait annulé les effets positifs. La Convention va-t-elle au moins bénéficier du même retentissement ? Retentissement non négligeable puisqu’il s’agit de rallier l’opinion à ces propositions, en ce moment si particulier où il faut faire redémarrer toute une économie qui s’est trouvée paralysée d’une façon vraiment inédite.
Emmanuel Macron pourra envisager avec sérénité le plan de relance qu’il a annoncé, s’il dispose de l’accord général et s’il est vraiment décidé à agir pour que l’avenir ouvre vraiment des perspectives différentes du modèle passé. Nous connaîtrons dès juillet les premières décisions concrètes qui attesteront de cette volonté. Les propositions de la Convention pour le climat seront-elles reprises dans leur ensemble ? Ce sera un test important, qui témoignera aussi d’un changement radical de paradigme. Un changement que des penseurs comme Jacques Ellul et Edgar Morin (celui-ci toujours présent parmi nous) préconisaient depuis au moins un demi siècle. Je conserve dans ma bibliothèque l’essai d’Edgar Morin précisément intitulé Le paradigme perdu : la nature humaine, qui préconisait la réconciliation de la nature avec la culture. Ce n’était guère dans la mentalité des Trente glorieuses, attachée à une croissance indéfinie. On sait aussi que l’Église catholique appuie de toutes ses forces ce changement de paradigme. Le pape François s’en est expliqué dans son encyclique Laudato si’.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 juin 2020.
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