Nous croyons en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique. C’est une vérité que nous professons chaque fois que nous récitons le Credo. Étant donné les divisions évidentes entre les Églises chrétiennes et leurs dénominations, et même au sein de l’Église catholique, il convient de s’interroger : En quoi consiste cette unité ?
La réponse la plus simple est que l’Église est une en vertu de notre unique baptême et de l’unique Christ dans lequel nous sommes baptisés. Nous professons une seule foi, en communion avec les évêques dans la succession ininterrompue des apôtres, et ceux-ci avec et sous le successeur de Pierre, l’évêque de Rome.
En définitive, l’unité de l’Église est l’unité du Christ lui-même. C’est pourquoi la division dans l’Église est toujours une blessure du Corps du Christ. D’où l’impératif urgent d’un véritable œcuménisme, souligné par le Concile Vatican II et par le pape Jean-Paul II dans son encyclique de 1995, Ut unum sint (« Pour qu’ils soient un »), dans laquelle il insistait : « Croire au Christ, c’est désirer l’unité ; désirer l’unité, c’est désirer l’Église ; désirer l’Église, c’est désirer la communion de grâce qui correspond au dessein du Père de toute éternité ».
Nous ne sommes pas les premiers acteurs de l’unité de l’Église, c’est Dieu qui l’est. Mais nous pouvons coopérer, ou non, au renforcement et à la préservation de cette unité. Nous séparer de nos évêques, de Pierre ou de la foi reçue par la Tradition nuit à notre unité. Considérez les avertissements de Paul aux Corinthiens, dans lesquels il attribue la rivalité entre eux à leur « appartenance à la chair ». Le péché et la mondanité ne sont pas seulement des occasions de culpabilité personnelle, mais des causes concrètes de division au sein du Corps du Christ.
Il en a toujours été ainsi, comme nous le lisons dans la lettre aux Hébreux : « Souvenez-vous de vos chefs qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Considérez les résultats de leur mode de vie et imitez leur foi. Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et à jamais. Ne vous laissez pas entraîner par toutes sortes d’enseignements étranges » … . (13:7-9)
La crédibilité du témoignage de l’Église est diminuée lorsque l’unité fait défaut, non seulement dans l’espace – d’un diocèse à l’autre – mais aussi dans le temps. Comme si l’Évangile d’aujourd’hui était différent de celui d’hier, comme si l’Esprit qui anime l’Église aujourd’hui était différent de celui qui l’animait au siècle dernier, au dernier millénaire ou à la Pentecôte elle-même. L’Esprit qui planait sur les eaux de la création est le même Esprit Saint qui anime l’Église aujourd’hui.
De nos jours, l’idée de développement de la doctrine est souvent réduite à une espèce de casuistique, un moyen de justifier toutes sortes de déviations par rapport à ce qui nous a été transmis. Le développement de la doctrine est le corollaire de l’unité profonde de la foi à travers le temps et l’espace. Le développement doctrinal authentique n’est pas une technique de manipulation de la Tradition, un moyen de plier la Tradition à nos objectifs ou à ceux du monde.
Mais nous ne sommes pas les maîtres de la Parole de Dieu. Même les évêques ne le sont pas. Le Concile Vatican II a été parfaitement clair à ce sujet lorsqu’il a déclaré, dans Dei Verbum : La tâche d’interpréter authentiquement la parole de Dieu, qu’elle soit écrite ou transmise, a été confiée exclusivement au magistère vivant de l’Église, dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus-Christ. Ce magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il la sert, n’enseignant que ce qui a été transmis, l’écoutant avec piété, la gardant scrupuleusement et l’expliquant fidèlement, conformément à un mandat divin et avec l’aide de l’Esprit Saint, il tire de cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il présente à la croyance comme divinement révélé.
On ne le répétera jamais assez : La fonction enseignante de l’Église, exercée au nom de Jésus-Christ, n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, qu’elle soit écrite ou transmise – c’est-à-dire qu’elle concerne aussi bien l’Écriture que la Tradition ! – mais la sert. L’unité de l’Église n’est pas étrangère à la parole révélée de Dieu, telle qu’elle se trouve dans les Écritures et la Tradition, mais elle en est totalement inséparable.
Rester fidèle à ce que nous avons reçu est plus qu’une question d’assentiment intellectuel. L’unité avec le Christ se manifeste dans la charité. La foi elle-même, vécue dans les circonstances concrètes de notre époque, représente un gaga très réel et concret de l’unité ecclésiale à travers l’espace et le temps. Le Corps du Christ, le Peuple de Dieu, comprend cette grande foule de témoins qui nous ont précédés ; ceux qui, comme le dit saint Paul, ont bien concouru, terminé la course et gardé la foi.
Le pape Paul VI développe ce point dans Evangelii Nuntiandi. L’Église doit préserver son héritage, mais il ne suffit pas de posséder la Bonne Nouvelle. L’Église doit aussi la partager. Et cela exige la sagesse de comprendre ceux avec qui nous voulons la partager :
Il est absolument nécessaire que nous tenions compte d’un héritage de foi que l’Église a le devoir de préserver dans sa pureté intouchable, et de le présenter aux hommes de notre temps, d’une manière aussi compréhensible et convaincante que possible. Cette fidélité à la fois à un message dont nous sommes les serviteurs et aux personnes auxquelles nous devons le transmettre vivant et intact est l’axe central de l’évangélisation.
Et c’est là, comme on dit, que le bât blesse. L’Église est tenue de protéger et de défendre la Vérité dont elle est la gardienne. Son unité en dépend et en resplendit. Mais il est également vrai que, précisément en raison de ce trésor qu’elle possède, l’Église doit témoigner de la Bonne Nouvelle de manière convaincante, non pas tant pour nous-mêmes que pour ceux avec qui nous voulons partager la Bonne Nouvelle.
L’unité de l’Église, comme l’évangélisation, doit être construite sur la vérité et l’amour.