Le vieux briscard de l’information religieuse que je suis a appris une certaine méfiance à l’égard de la façon dont les événements de la vie ecclésiale sont répercutés par la machine médiatique. C’est à dessein que j’emploie ce terme de machine, parce que l’information n’est pas directement diffusée depuis sa source jusqu’à l’honnête récepteur qui finit par la capter. Il faut imaginer tout un appareil intermédiaire que j’oserais dire de retraitement et de filtrage, en quoi consiste l’outil médiatique. On se souvient sans doute de la formule fameuse de l’excellent McLuhan : « Le message c’est le médium. » Par-delà les aspects techniques du médium il faut savoir saisir comment la nature d’une information peut être modifiée et parfois travestie à travers le filtre de l’information avec ce qu’il suppose de préjugés, d’idéologies et de formatage psychologique.
Pour ma part, c’est l’événement considérable que fut Vatican II qui m’a armé de méfiance à l’égard de cet appareillage, car je me suis rendu compte qu’il passait très souvent à côté du contenu le plus important de la discussion conciliaire. Par exemple, en ramenant tout à un affrontement entre conservateurs et progressistes, il empêchait d’accéder à la compréhension des textes centraux et de leur élaboration. Mais pour s’en rendre compte, il fallait avoir un minimum de culture théologique et savoir détecter exactement là où le Concile avait fait progresser l’intelligence de la foi.
J’ai vécu un assez profond malaise avec le récent Synode sur la famille, car il était souvent difficile de faire le partage entre ce qui s’y disait réellement et la façon dont l’information le répercutait. Je ne suis pas sûr d’ailleurs qu’il y ait eu à ce moment à Rome une maîtrise suffisante de l’information. C’est pourquoi le nouveau questionnaire qui vient d’être envoyé aux diocèses pour préparer le futur synode m’a beaucoup intéressé. Il m’a semblé, en effet, recentrer le débat autour de la singularité du mariage sacramentel, les difficultés actuelles étant référées à cette singularité, sans que la réflexion soit désorbitée de son axe central. Encore faudra-t-il se battre pour faire prévaloir cette singularité.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 décembre 2014.