Sur « ceux qui font ces sortes de choses » - France Catholique
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La justice de Dieu
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Sur « ceux qui font ces sortes de choses »

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A peu près tous les désordres de l’âme imaginables – du mensonge au pelotage, de l’envie à la malveillance, ont été pratiqués, encouragés ou déplorés dans la sphère publique ces derniers temps. Du côté spirituel, nous avons principalement entendu parler de miséricorde, de pardon anticipé et de péchés sociaux. Paul a mis en garde les Galates contre « les œuvres de la chair ». On croirait notre presse ou nos médias.

Dans la Galatie de ce temps-là, Paul a trouvé sans surprise « immoralité, impureté, licence, idolâtrie, sorcellerie, haine, rivalité, jalousie, emportement, égoïsme, dissension, factions, envie, beuveries, orgies et autres choses semblables » (Galates 5:19-21) Dans d’autres passages, Paul cite quelques autres révélations étonnantes qui nous sont devenues assez familières.

Paul ne s’en tient pas là. Au cas où naïvement nous échouerions à comprendre, il résume les conséquences : « ceux qui font ces sortes de choses n’hériteront pas du Royaume de Dieu ». Paul était un réaliste. Il savait que les gens font ces choses, et souvent fréquemment. Le christianisme nous est initialement présenté parce que nous sommes des pécheurs qui « font ces sortes de choses ».

Le contexte était que ceux qui faisaient ces choses devaient en venir à reconnaître leur noirceur. C’est seulement alors qu’ils voudraient faire quelque chose. Mais quoi ?

Les pécheurs ont vite appris de Paul que le mal inhérent à ces actes – qu’on les appelle « des péchés » ou qu’on les appelle « des droits » – ne partirait pas de lui-même. Les pécheurs, ceux qui font ces choses, n’entreront pas dans le Royaume de Dieu. Cette « non-entrée » est simplement un fait si ceux qui y sont impliqués ne reconnaissent pas leur problème et ne se convertissent pas.

Il est bon de leur parler de la miséricorde de Dieu. Mais cette information peut aussi les bercer et les assoupir s’ils ne reconnaissent pas d’abord que leurs actions étaient mauvaises. Dieu vient d’abord à nous comme un juge et le garant de l’ordre juste qui est le Sien. C’est seulement ensuite qu’Il vient pardonner. La miséricorde sans le jugement court-circuite le libre arbitre. Cela rend l’entièreté du drame humain inintelligible.

Une fois que les péchés sont reconnus à titre personnel, un autre problème surgit. Comment pouvons-nous découvrir si quelqu’un peut pardonner les péchés ? Leur dommage implique davantage que seulement nous-mêmes. Cela ne fait pas grand bien de dire aux gens que leurs péchés sont déjà pardonnés par Dieu si on ne leur dit pas également ce que Dieu attend de notre part. Il attend des hommes que premièrement ils reconnaissent que ce qu’ils faisaient était une aberration. Bien plus, les péchés ne sont pas pardonnés n’importe comment, mais selon la manière que le Christ a institué, en passant par l’Eglise.

Il est vrai que si nous sommes repentants et que nous tombons raides morts, sans avoir eu la possibilité de nous confesser, nous sommes pardonnés sans doute possible. Il est également possible qu’en toute honnêteté, on ne reconnaisse pas qu’un acte donné est un péché. Dans un tel cas, s’il existe, il n’y aurait pas besoin de rédemption ni de repentance.

Le Christ est venu pour enseigner au monde qu’il est pécheur, mais aussi pourquoi et comment se repentir de ses péchés. Mélangé au péché, il y a le libre arbitre. En l’absence de libre arbitre, il n’y a pas de péché. Mais l’absence de libre arbitre rendrait nos actes sans importance et sans conséquence pour nous en tant que personne. Si nous prenons la liste de péchés de Paul et que nous nions que ce soit des péchés pour déclarer que ce sont soit des vertus soit des actes nécessaires, nous nous transformons en robots dont le niveau de transcendance est égal à zéro. Le Royaume de Dieu n’est pas composé de nullités morales.

Dans un sens, le moment fort de la dernière campagne présidentielle a été quand nous avons été témoin de « l’horreur » à la révélation des propos déplacés tenus sur les femmes par monsieur Trump. Tout à coup, nous avons découvert que les gens pensaient en effet qu’agir ainsi était mal. Même monsieur Trump l’a admis. Mais il n’y avait pas de pardon. Il était très important de ne pas pardonner parce que c’était le seul moyen de garder la faute permanente. Aucun incident de la campagne n’a mieux révélé le sens chrétien du péché.

Dans un certain sens, il est quasiment insoutenable de trouver que des propos obscènes sont une horreur quand rien n’est dit de la promotion de l’avortement. La gravité relative des fautes est quelque chose qui ne doit pas être négligé. Aucun doute, nous pouvons perdre notre âme par un unique péché, ou par une vie remplie d’horribles péchés tels que nous en voyons dans les faits divers. S’il existe une « éthique » selon laquelle nous pouvons échanger la justice sociale contre l’avortement, alors le même argument doit tenir pour échanger le meurtre de fœtus contre des propos salaces et des pelotages imposés.

Ceux qui font ces sortes de choses et se justifient de les faire n’entreront pas dans le Royaume de Dieu. La miséricorde de Dieu s’applique quand le péché cesse et qu’il est jugé par le pécheur comme par Dieu pour ce qu’il est : un péché. Les péchés, même les pires, peuvent être pardonnés. Mais rien de ce qui nié et non regretté d’une vraie repentance ne peut être pardonné. S’il n’en était pas ainsi nous ne pourrions jamais par grâce être digne du Royaume de Dieu.

James V. Schall, qui a été professeur durant 35 ans à l’université de Georgetown est l’un des auteurs catholiques les plus féconds en Amérique.

Illustration : les funérailles prématurées, tableau d’Antoine Wiertz, 1854 [Musée Royal des Beaux-Arts – Bruxelles]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/10/25/on-those-who-do-such-things/