Même si le feuilleton s’allonge un peu trop, il est utile de suivre le débat à propos de l’Église et de l’offensive que certains entendent sans cesse relancer contre le cardinal Philippe Barbarin. Je pourrais me livrer à une revue de presse assez complète, mais je n’en ai pas la possibilité. Simplement un mot sur l’esprit qui inspire certains articles : esprit de vindicte, qui explique d’ailleurs comment les remarques psychologiques tombent à plat, ne serait-ce que par ignorance criante de la personnalité et des convictions du Primat des Gaules. Il vaut mieux signaler ce qui contribue à alimenter une vraie réflexion sur les sujets abordés. C’est pourquoi je ferai un sort à l’article de Georges Vigarello publié dans Le Monde en date du mardi 29 mars. L’information sur laquelle il se fonde est des plus sérieuse, même si on peut déplorer quelques oublis.
L’auteur rappelle les efforts accomplis par l’Église catholique aux États-Unis et en France, pour lutter contre l’agression sexuelle des enfants. Il déplore même l’emballement médiatique dont l’affaire de Lyon est l’objet et qui peut avoir un effet détestable. Georges Vigarello insiste sur la difficulté inhérente à toute institution – c’est aussi vrai pour l’Éducation nationale que pour l’Église – d’échapper à une sorte de mécanisme d’auto-défense. Mieux vaut, dit-il encore, accroître l’information sur le fléau « dont il faut toujours plus mesurer l’effet destructeur », écouter absolument les victimes, et veiller soigneusement au recrutement du personnel en charge de l’enfance.
La même page du Monde contient un entretien avec le romancier Alexis Jenni, qui est de Lyon et se déclare chrétien. Ce qu’il dit de l’Église comme « d’une machine idéologique devenue folle » ne m’a pas convaincu. Bien au contraire, j’ai le sentiment qu’il participe lui-même à sa façon d’un emballement collectif, vraiment fou. Je serais tout de même heureux de discuter avec l’auteur de L’Art français de la guerre, qui avait obtenu le prix Goncourt en 2011 et que j’avais beaucoup aimé. Je suis un peu étonné de sa charge contre saint Grégoire le Grand qui parlait, dit-il de l’abominable vêtement du corps. Je voudrais savoir où se situe cette expression, dont je ne nie pas la réalité, mais qui me semble contraire au génie d’un christianisme fondé sur le prodige de l’Incarnation.