Suicide médicalement assisté: Un nouveau pari de Pascal - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Suicide médicalement assisté: Un nouveau pari de Pascal

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En juillet 2016, Betsy Davis a envoyé un E-mail à ses meilleurs amis et parents. C’était une invitation à une fête de deux jours dans une superbe maison à Ojai, en Californie. Mais ce ne sera pas une fête comme d’habitude, précisait-elle ; à la fin de la célébration ; elle allait en finir avec sa propre vie par une combinaison de drogues létales fournies par son médecin.

« Chers participants à une renaissance, vous êtes tous très courageux pour accompagner mon départ pour mon voyage », écrivait Betsy, « Il n’y a pas de règlement. Habillez-vous comme vous voudrez, dites ce que vous pensez, dansez, sautez, psalmodiez, chantez, priez, mais ne pleurez pas devant moi. Oh, d’accord, cela fait un règlement. »

Betsy Davis est morte de sa propre main, le 24 juillet 2016.

Un des amis présents à la fête était son ami Niels. « L’idée d’aller passer un magnifique weekend qui culmine avec son suicide – ce n’est pas une chose normale, pas un événement normal comme il en arrive tous les jours. En arrière-plan du merveilleux amusement, des sourires et des rires que nous avons vécus ce week-end-là, il y avait l’idée de ce qui allait arriver… Ce qu’a fait Betsy lui a donné la mort la plus belle que quiconque ait pu espérer. En le prenant en charge, elle a fait de son départ une œuvre d’art.

La plupart des amis et des parents de Betsy, Niels compris, ont, en fait, quitté la fête avant que Betsy ne prenne la dose létale.

Sa sœur, Kelly, qui fut l’une des quelques personnes présentes à sa mort, a dit qu’elle avait beaucoup aimé l’idée de ce rassemblement, mais elle a admis : « Evidemment, c’était dur pour moi. Cela l’est encore… Le pire était que j’étais obligée de quitter la chambre périodiquement, parce que j’avais la gorge serrée. Mais les gens ont joué le jeu. Ils ont compris combien elle souffrait et qu’elle était contente de sa décision. Ils l’ont respectée. Ils savaient qu’elle voulait que ce soit une occasion joyeuse.

Niels a dit que son suicide était « beau », alors que pesait sur l’horizon le nuage sombre de « ce qui allait arriver » à la fin de la fête. Kelly essayait de rendre la fête « joyeuse » mais elle ne pouvait pas retenir ses larmes. Betsy ne voulait pas les voir pleurer.

On comprend bien que la maladie de Betsy, et la séparation de ceux qui s’aiment, étaient source d’une profonde tristesse. C’est une tristesse normale et bonne qui accompagne toute maladie et toute mort. Mais l’anxiété et le conflit affectif inscrits entre les lignes dans les témoignages de Niels et de Kelly – et dans le désir de Betsy d’éviter les larmes de ceux qu’elle aimait – touche une corde plus sombre et plus profonde à propos de son choix de gérer la maladie en se suicidant.

Au cœur du problème se trouve la question inévitable : Comment savons-nous que le suicide de Betsy a mis un terme à ses souffrances ? Notez que dans son invitation citée plus haut, elle parle de cet événement comme d’une « renaissance ». Renaissance à quoi ?

C’est certain, nous pouvons observer que la forme actuelle de souffrance physique due à sa maladie est terminée pour elle. Mais savons-nous, en dehors de la révélation de Dieu, ce qui arrive après la mort physique ?

La vérité est très différente : Affirmer que le suicide met un terme à toute forme de souffrance est comme s’écarter de la raison et de la science, et faire un saut dans une foi aveugle en notre propre pouvoir de conjecture sur l’état de l’être rationnel après la mort physique. En effet, aucune autorité supérieure ne nous a révélé que le suicide mettait un terme à toutes souffrances. C’est plutôt une simple supposition de la part de personnes qui n’ont accès ni à la vérité ni à la fausseté de cette affirmation. Les esprits critiques jugeraient que cette croyance aveugle et solipsistique est téméraire.

Ainsi, le suicide médicalement assisté nous fait aborder à une nouvelle version du pari de Pascal : Allons-nous courir le risque, sans aucune évidence pour le soutenir, que le suicide supprime toute souffrance ? Est-ce que cela vaut la peine de risquer que peut-être qu’il y ait autre chose que notre souffrance actuelle ?

Ce pari est le bout de la route pour le raisonnement humain devant le mystère de la mort.

Betsy avait foi (dans sa propre idée) que le suicide aboutirait à une « renaissance ». Avoir la foi catholique signifie croire en l’autorité de Jésus Christ ; Dieu tout puissant a fait l’homme pour être sauvé.

Jésus Christ nous enseigne qu’il n’y a pas de chemin vers la vie éternelle libérée de la souffrance, si ce n’est par la participation à Sa Croix. Il apporte à notre expérience de la souffrance un sens et une raison : c’est précisément en acceptant librement notre souffrance et le plan providentiel de Dieu pour notre mort que nous nous préparons au bonheur parfait avec Dieu. C’est ainsi que ceux que nous aimons et qui souffrent, avec notre amour et notre soutien, notre aide et notre présence, accepteront librement la souveraineté de Dieu sur la vie – supportant leur mort quand elle viendra, en union avec le Christ.

L’art chrétien ancien représentait la Croix de Jésus Christ non pas tellement dans ses détails historiques, mais plutôt comme un Arbre fécond et vivifiant. Voilà le pouvoir des yeux de la foi. Avec Jésus Christ, nous pouvons apprendre à voir notre souffrance et notre mort transformées et rendues belles par l’Amour divin. Sa Croix fut féconde pour le salut de l’univers. Il nous invite à entrer dans sa fécondité et sa beauté, dans notre propre souffrance et notre mort. Alors, notre tâche n’est pas d’encourager ceux que nous aimons et qui souffrent, à se suicider – menace croissante pour la dignité humaine – mais plutôt de les accompagner alors qu’ils portent la Croix avec Notre Seigneur, emplis de l’espoir qu’Il les rendra féconds et beaux.

Nous prions pour Betsy et la confions à Jésus Christ, son Seigneur miséricordieux. Nous prions pour Niels et Kelly, pour qu’ils fassent l’expérience d’une guérison et d’une paix profondes dans le Cœur de Jésus Christ. Nous savons qu’il est la seule réponse au problème de la souffrance, surtout dans la phase terminale de la maladie. Nous savons que Lui seul répand la lumière qui illumine l’obscurité du doute à propos du sort de l’homme après la mort physique.

14 novembre 2017

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/11/14/physician-assisted-suicide-a-new-pascals-wager/