Je me sens tout à fait incompétent pour parler de la république du Soudan du Sud qui a fêté dimanche son indépendance. Mais je me sens comme en dette vis-à-vis de ce pays, ne serait-ce que parce que sa naissance ne s’explique que par plusieurs décennies de malheur : 2 millions et demi de morts, 4 millions de personnes déplacées. Les statistiques varient quelque peu d’un document à l’autre, mais nous sommes dans un ordre de grandeur qui indique suffisamment quelle fut la tragédie de ces populations.
Puis il se trouve qu’elles sont très majoritairement chrétiennes et que leur malheur est aussi en lien direct avec leur appartenance religieuse. Bien sûr, le sentiment de solidarité ne saurait dépendre seulement ou exclusivement d’une communion de foi. Mais celle-ci n’est pas secondaire. Lorsque ce sont nos frères qui sont dans la peine et le dénuement, ils sont en droit d’attendre de nous une reconnaissance directe, celle qui se manifestait déjà du temps de Saint Paul, organisant une vaste collecte de solidarité.
La république du Soudan du Sud a donc accédé à l’indépendance à la suite d’un référendum en janvier dernier. Elle compte plus de 8 millions d’habitants. Et si elle n’est pas sans ressource pétrolière, elle est dans une situation de sous-développement catastrophique avec 88% d’analphabètes et 90% de personnes en dessous du seuil de pauvreté. Son dénuement total en infrastructure, son manque de cadres n’ont été jusqu’ici compensés que par l’apport des organisations humanitaires et l’action des Églises, notamment l’Église catholique.
L’émergence du 193e État de la communauté internationale nous touche donc directement, d’autant que la paix y demeure précaire avec une menace récurrente du Nord. Un Nord qui, trop longtemps, a fait peser sa domination, avec des pratiques esclavagistes et des crimes qui pèsent sur les autorités de Karthoum, inculpées par les tribunaux internationaux. N’y aurait-il pas à envisager d’urgence une stratégie d’entraide pour que le nouvel État, majoritairement chrétien accède au progrès économique et social ? En évitant autant que possible les effets dévastateurs des rivalités ethniques et du développement inconsidéré d’administrations trop faciles à corrompre. Pour mieux connaître les sujet il convient de se renseigner auprès de nos amis de l’Aide à l’Église en Détresse
Chronique à Radio Notre-Dame le 13 juillet
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.