Le Pape a fait part de sa vive préoccupation face à la situation qui est celle du Venezuela. « Ce qui me fait peur ? a-t-il dit aux journalistes dans l’avion, retour des JMJ à Panama, un bain de sang. Le problème de la violence me terrifie. » Et à qui lui reproche de ne pas prendre parti entre le pouvoir en place et l’opposition, il répond : « Dans ces moments, je soutiens tout le peuple vénézuélien, un peuple qui est en train de souffrir, que ce soit d’un côté ou de l’autre. » Le rôle du Pape et de l’Église ne consiste pas, en l’espèce, à jouer un rôle directement politique qui n’est pas le sien. Pour autant, sa mission n’est pas aisée à définir. De ce point de vue, l’Argentin qu’est Jorge Bergoglio a une solide expérience, ayant vécu la période de la dictature, dans une conjoncture de guerre civile.
Il n’y a aucun rapprochement possible entre la situation du Venezuela et celle de la France. Nous ne sommes pas, fort heureusement, en proie à une menace de guerre civile. Pourtant, la question de la violence ne cesse de se poser depuis le début des manifestations des Gilets jaunes. L’attitude de la police, ces jours-ci, est vivement contestée, à la suite d’un nombre très important de blessés, notamment au visage. Les instructions du ministère de l’Intérieur sont dénoncées, pour leur caractère extrême, par certains qui ne sont nullement des ennemis des forces de l’ordre. Mais par ailleurs, on fait remarquer le caractère inédit des manifestations actuelles qui ont surpris et même désorienté responsables et exécutants sur le terrain. De nouvelles dispositions ont été prises pour parer au caractère d’un mouvement qui ne ressemble en rien aux classiques manifestations syndicales ni même aux émeutes de banlieue de 2005.
L’État a un rôle très délicat à remplir. Il est difficile de trouver la bonne mesure entre la défense de l’ordre nécessaire et l’excès de répression qui fait monter dangereusement les oppositions. Un drame est toujours possible, qui plongerait le pays dans un climat détestable. Autant dire qu’il est urgent de trouver les moyens, hors de toute stratégie de la tension, en faveur d’un ordre raisonnable.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 janvier 2019.
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Photo par Randy Colas / Unsplash