Il est urgent que l’Europe se ressaisisse de la question de la natalité, explique Vincenzo Bassi, président de la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (FAFCE).
Quel intérêt l’État a-t-il à stimuler la natalité ?Vincenzo Bassi : Jusqu’à présent, la question de la démographie n’a été posée en Europe que par le prisme de la gestion des personnes âgées. Or, la vraie question est celle de l’équilibre intergénérationnel, qui est la condition sine qua non du développement durable. C’est le consumérisme qui est l’ennemi de l’environnement, pas les enfants ! Nous devons réussir à convaincre la société civile de cela.
Y a-t-il un bon élève européen qui puisse servir de modèle ?
La Hongrie est un bon exemple. En dix ans, le taux de natalité est passé de 1,2 à 1,55 enfant par femme. Pour les gouvernants du pays, stimuler la natalité est un investissement : sans équilibre intergénérationel, on ne peut penser au développement économique du pays. La famille est prioritaire et l’État essaye de lever tous les obstacles à la natalité. Les femmes sont ainsi particulièrement aidées : à partir de quatre enfants, elles sont exonérées à vie d’impôt sur le revenu.
L’argent est-il le seul moyen de relancer la natalité ?
L’argent est naturellement très important, d’autant qu’il signifie l’importance que l’État attribue à la fonction de la famille dans la société. Mais nous avons vu, à l’occasion de la pandémie de coronavirus, que le principal problème des familles est la solitude : certaines n’ont ni amis ni réseaux ! Toutes les questions qui se posent dans la famille deviennent alors très lourdes à gérer. À l’inverse, quand on fait partie d’un réseau de familles, on se fait part des problèmes qui nous touchent. Aussi, quand un réseau de familles est en place, on accepte plus facilement la responsabilité d’avoir des enfants.
Quel rôle doivent tenir ces États généraux de la natalité ?
Nous voulons, par ce colloque, dire à la société que la famille n’est pas une institution passéiste, mais qu’elle est celle qui prépare l’avenir. Remettre en cause la famille, c’est remettre en cause l’avenir. La question de la famille n’est pas une question à proprement parler catholique, mais c’est aux catholiques à aider le reste de la société à comprendre la beauté de la famille. La famille catholique est belle et il faut garder en tête que la beauté est contagieuse.
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ÉVÉNEMENT
ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA NATALITÉ
Les Associations familiales catholiques (AFC), associées à la Fédération des AFC en Europe, organisent le 20 octobre, au Collège des Bernardins (Paris), un ensemble d’exposés, de tables rondes et de discussions pour répondre à la « baisse préoccupante de la natalité française et européenne ». Outre la présence de Gérard-François Dumont, le colloque accueillera la Vice-Présidente de la Commission européenne, Dubravka Šuica, ou encore l’écrivain Fabrice Hadjadj.
Le 20 octobre 2022, de 14h à 19h, au Collège des Bernardins,
20, rue de Poissy à Paris (5e). Inscription via le site Internet www.afc-france.org