Sri Lanka : « Plus personne, plus de paroisse, plus de prêtre et plus d’église » - France Catholique
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Sri Lanka : « Plus personne, plus de paroisse, plus de prêtre et plus d’église »

L’évêque qui se trouvait tout près du cœur des combats dans le nord du Sri Lanka, Mgr Thomas Savundaranayagam, évêque du diocèse de Jaffna, a donné un compte rendu dramatique de la souffrance des personnes et décrit comment ses prêtres étaient déterminés à rester « jusqu’au dernier » avec la population. Par John Newton et John Pontifex, AED Royaume Uni Traduction et adaptation : Mario Bard, AED-Canada
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Dans un message émouvant qu’il a fait parvenir à l’Aide à l’Église en Détresse (AED), organisme international catholique de charité, Mgr Thomas a raconté comment un de ses prêtres est mort « d’épuisement » alors qu’il essayait d’aider la population prise au piège, pendant que la bataille finale faisait rage entre les forces gouvernementales sri lankaises et les Tigres de libération de l’Eelam Tamoule (TLET).

L’évêque, qui s’était rendu en janvier dernier- sous le couvert de l’anonymat- apporter de l’aide dans la région touchée par le conflit, estime que dans la bataille finale, qui a pris fin le 19 mai, 20 000 personnes sont mortes et 40 000 autres ont été blessées, sur un « petit espace de terre » où les victimes tombaient sous l’artillerie lourde et les tirs d’obus. Des estimations que rapporte également l’ONU.

Mgr Thomas attribue aux forces des deux côtés le grand nombre de morts et de blessés, par leur utilisation d’armes lourdes et de roquettes. Et cela, même si les forces gouvernementales ont dit avoir arrêté l’usage d’armes lourdes dès le 27 avril, et avoir déclaré qu’aucun civil n’avait été tué par les forces gouvernementales durant l’assaut final. Critiquant le président Sri lankais, Mahinde Rajapakse, pour avoir commandé l’assaut final qui « a apporté tant de souffrances », Mgr Thomas a également critiqué les Tigres Tamouls. L’évêque, qui avait écrit au président, en mars, pour lui demander l’arrêt des bombardements, a indiqué comment il a supplié les chefs des Tigres de laisser passer la population civile prise au piège près des zones de combats. Il demandait que soit créé, pour les réfugiés, un corridor humanitaire vers les secteurs mis en place par le gouvernement, dans les territoires que ce dernier détenait. Malheureusement, cette demande n’a jamais été honorée.

L’évêque a rendu hommage au père Sarathjeevan, le prêtre qui a perdu sa vie en aidant la population dans les camps de réfugiés, et a louangé les autres prêtres pour leur travail auprès de ceux qui ont été les plus affectés.

Une région en ruine

Écrivant qu’il veut que l’AED comprenne « la cause de [ma] souffrance », il a indiqué qu’il y a maintenant plus de 200 000 réfugiés et que 18 paroisses dans Kilinochy et Mallaitivu, sont maintenant « totalement “kaput” ».
Décrivant ces deux régions qui étaient en plein cœur des combats, il écrit : « J’ai vu les paroisses tombées les unes après les autres. Je n’ai eu accès à ces endroits que maintenant : plus personne, plus de paroisse, plus de prêtre et plus d’église. » Il indique encore : « Quelques-uns de mes prêtres sont restés jusqu’à la fin avec la population et ont été secourus par l’armée. Ils sont encore dans les camps de réfugiés. »

Mgr Thomas nous a indiqué comment les prêtres de Kilinochy et Mullaitivu essaient maintenant d’aider les civils réfugiés dans ville voisine de Vavuniya. Les prêtres organisent tous les dimanches la messe dans les camps, effectuent des visites aux familles et fournissent un supplément de nourriture. « Bien que je sois triste et affligé, je suis correct », indique Mgr Thomas, avant de terminer sa lettre à l’AED par : « Que Dieu vous bénisse ».