Souvenirs de Saint Jean Paul - France Catholique
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La justice de Dieu
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Souvenirs de Saint Jean Paul

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Le 2 octobre 1978, je me suis retrouvé au milieu d’une foule joyeuse sur un terrain communal de Boston, dans l’attente de l’arrivée du pape Jean Paul II qui célébra la messe sous la pluie cet après-midi-là. Son homélie portait sur l’évangile du jeune homme riche qui est reparti tout triste après avoir refusé de répondre à l’appel du Seigneur de vendre tous ses biens et de venir à Sa suite. J’étais avec un groupe de mon collège de futurs chapelains, qui avait fait 3 heures de bus pour arriver à Boston. Je repense à ce jour-là avec beaucoup de tendresse. Très peu de temps après, je suis entré au séminaire. Je m’étais décidé à devenir prêtre l’année précédente. La visite du pape a conforté ma résolution, particulièrement la perspective de servir l’Eglise du Christ comme prêtre sous la conduite d’un berger aussi fort et vibrant. C’est rafraîchissant de repenser à ce qu’a signifié l’élection de Jean Paul II pour l’Eglise, au moment où il est élevé sur les autels en ce dimanche de la Miséricorde 2014, fête qu’il avait lui-même intégrée au calendrier romain. Sa vie a été structurée par sa grande foi, et douloureusement atteinte par les grands drames du vingtième siècle. Il a vécu sous deux grandes tyrannies idéologiques de son époque : Le nazisme et le communisme. Ces deux formes d’athéisme ont violenté son pays, et il les a combattues avec la certitude que la vérité est plus puissante que les mensonges. C’était un homme qui croyait à la providence et savait qu’il était un instrument vivant dans les mains du Seigneur. L’Eglise a subi de nombreuses convulsions en 1978. Jean Paul II en a restauré la stabilité et la saine doctrine. Il a représenté la foi de tous les temps qui avait subi l’assaut d’efforts organisés pour mettre de côté des enseignements essentiels et des manières de vivre qui jusque-là, n’avaient pas été remises en cause. Sa dévotion à Notre Dame choquait certains ecclésiastiques fourvoyés qui décourageaient toutes formes de piété traditionnelle. La Pologne avait échappé à beaucoup des controverses et au chaos après Vatican II – à cause de l’oppression que subissait l’Eglise de la part du gouvernement communiste. Cette oppression signifiait que Jean Paul II nouvellement élu, était un vétéran de la défense des enseignements catholiques, et du droit de vivre sa foi ouvertement, libre de la coercition et de la violence. Cette foi avait aussi besoin d’être défendue contre la sécularisation du monde occidental et contre ses défenseurs au sein de l’intelligentsia catholique. En tant que séminariste, puis comme jeune prêtre, j’éprouvais une grande confiance dans la conduite de main de Dieu, en voyant Jean Paul, sans complexes, proclamer les enseignements de l’Eglise aussi bien à l’époque que durant tout son pontificat. Pensez à Familiaris consortio, reconciliatio et paenitentia, Veritatis splendor, Evangelium vitae. Un des principaux cadeaux qu’il a fait à l’Eglise, c’est le catéchisme de l’Eglise catholique, une référence garantie ; Il demeure absolument fondamental pour confronter l’esprit de notre temps et la vérité si belle et intemporelle. Une des performances de Jean Paul II a été son refus persistant de traiter le statu quo comme quelque chose dont il fallait s’accommoder. Le Christ n’est pas venu sur terre simplement pour suggérer que nous puissions penser à évacuer son message. Le Christ a appelé chacun de nous à convertir radicalement son esprit et son cœur. C’est aussi ce qu’a fait Jean Paul II – quand il a appelé les gens de sa Pologne natale à être fidèles à leur Foi et à l’histoire de la providence de Dieu qui a préservé les polonais, disciples fidèles et donc libres, du Christ. Son message aux oppresseurs communistes était clair, et ils ont su qu’il allait venir dès l’instant où « le pape polonais » s’est avancé sur le balcon de Saint Pierre : Dieu a créé l’homme pour qu’il le serve librement, et tout arrangement politique qui essaierait de l’en empêcher était injuste – et devait disparaître. C’est le même message qui a été délivré en janvier 1998 quand Jean Paul II a rendu visite à Cuba. J’ai eu le privilège d’être à La Havane, et d’entendre les cubains réunis pour la messe place de la révolution, chanter : «  Le pape nous veut libres ». De ma place parmi les prêtres qui célébraient, j’ai vu Fidel Castro et son entourage assis en silence tandis que le Pape et le peuple cubain disaient la vérité de l’amour. Fidel aurait pu avoir l’impression d’être piégé par ces circonstances, nouvelles pour lui. Mais en fait, il entendait la voix du Seigneur qui lui disait de se repentir. Il en a encore le temps. Le pape savait que le désir le plus profond de l’homme ne peut être comblé que par le Christ. Les dictateurs de toutes sortes peuvent être capables de réduire en esclavage et de tuer le peuple qu’ils prétendent libérer ; Jean Paul II a parcouru le monde, proclamant qu’il n’y a de soulagement et de vraie libération que dans le Christ. Ce jour-là à Cuba de l’autel, impromptu, il a exprimé que : « l’Esprit souffle où il veut ». C’est ainsi qu’il concevait ce qui se passait ce jour-là, et tous les jours. Dieu est l’acteur, et nous sommes coopérateurs. Notre part dans ce drame ne peut être comprise et embrassée que si nous savons que notre coopération avec Dieu vaut tous les sacrifices, parce que cela nous unit au Christ et donne un sens à tout. A part Lui, rien n’a de sens et nous sommes des errants. La canonisation de Jean Paul II nous rappelle que Dieu ne nous a pas laissés orphelins dans un monde hostile. Au contraire, nous sommes un troupeau bien guidé par des saints, certains venus de notre propre environnement, qui ont avec audace apporté le Christ au monde. Cette audace comprenait le fait d’enseigner avec précision la doctrine de la Foi à une époque qui souvent rejette l’idée même de vérité. Leurs vies même nous enseignent que d’être un serviteur bon et fidèle du Seigneur produit d’immenses bienfaits spirituels. Nous avons tous été touchés par la vie et les travaux de ce saint très récent et nous devons remercier le Seigneur de nous avoir donné un berger aussi remarquable, qui maintenant intercède pour nous depuis notre vraie demeure au paradis. Traduction de Memories of St John Paul : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/memories-of-st-john-paul.html