J’étais assis à mon bureau ce matin-là quand le téléphone sonna.
C’était ma femme : « Va sur le Show d’aujourd’hui » dit-elle.
Un deuxième avion venait de frapper l’une des tours du World Trade Center.
Ma femme était à sa société, au centre de Manhattan dans une des salles de conférence bondée, et il y avait là parmi ceux qui regardaient la TV avec elle des gens dont les épouses ou les amis travaillaient dans l’un des deux buildings qui venaient d’être attaqués.
J’allumai la télé dans mon bureau et appelai George Markin. Les lecteurs de The Catholic Thing connaissent le travail de George mais ils peuvent ne pas savoir qu’il a été le directeur général de l’Administration portuaire de New York et New Jersey. Il a quitté son poste en 1997. S’il ne l’avait pas quitté, il aurait sûrement été dans son bureau dans les étages supérieurs du WTC le 11 septembre 2001. C’était un lève-tôt et il avait l’habitude de se tenir là devant les fenêtres ouest, regardant l’Hudson, tandis que le soleil levant dorait les nuages bas. Mais George était à Philadelphie ce jour-là à la société qu’il avait co-fondée, et il me dit qu’il savait pour les attaques, qu’ils étaient en train d’écouter la radio, mais qu’ils n’avaient pas de télévision au bureau. Alors je lui décrivis ce que je voyais à l’écran.
Nous étions encore en train de parler, c’était juste avant 10h du matin quand je lui décrivis ce que je voyais sur la NBC : l’effondrement de la Tour sud.
« Jésus », m’écriai-je. » Elle tombe tout droit.
George dit : « C’est exactement ce que les architectes m’ont dit. »
Il avait supervisé l’Administration portuaire en 1995, et avait eu d’innombrables rencontres avec différents experts sur l’état de toutes les constructions dont l’agence était responsable : ponts, aéroports, bâtiments. Et on parlait toujours de la sécurité. C’était juste deux ans avant que Omar Abdel-Rahman, le « cheikh aveugle » eût orchestré une tentative, qui fut presque complètement un échec, de faire sauter le WTC.
Il y eut le 9 septembre des histoires de voyageurs qui devaient aller à Los Angeles et qui ne purent le faire à temps pour embarquer sur le vol 77, le Boeing 757 dont les terroristes s’emparèrent et qu’ils firent s’écraser dans le Pentagone. Le pilote de ce vol, Charles « Chic » Burlingame III, était sorti de l’Académie navale et avait été pilote combattant sur un F-4 Phantom. Sa soeur Debra est une amie.
Il y a l’histoire de Michael Lomonaco, chef cuisinier de Windows on the World, le restaurant qui était au sommet de la Tour nord. Il s’arrêta dans le hall du 1 World Trade pour régler ses lunettes, manquant ainsi de quelques minutes l’impact du premier avion.
Ce jour là notre vison à nous tous a été corrigée.
Dans la petite ville de banlieue où je vis, juste au nord de New York City, nous avons perdu ce jour-là cinq résidents. Des membres du club auquel j’appartenais (l’Athletic Club de New York) ont aussi disparu ainsi que des amis que je connaissais de mes nombreuses années passées à Manhattan. Et en tout j’ai connu plus d’une douzaine de personnes qui furent assassinées ce jour là : amis et voisins.
Mon plus jeune fils était en train de jouer au football à ce moment, et le jeu se poursuivit. Le samedi après l’attaque, les Pelham arriva à Scarsdale pour un match, et avec un autre père nous étions sur un côté, en soupirant sur ce qui était arrivé le mardi, et il fit la remarque qu’il ne savait pas comment « P », un de nos porteurs de ballon dans le camp adverse pouvait faire. Le père de « P » avait disparu et son oncle aussi. Je savais que j’avais rencontré son père mais ne pouvait me rappeler son visage. Ensuite l’entraîneur fit sortir « P » du terrain et envoya mon fils le remplacer. Le garçon retira son casque, le posa sur le sol et s’assit dessus. Je voyais son profil… et le visage de son père. Tout à côté il y avait un boqueteau de pins, je m’y précipitai et me cachai là pour pleurer parce que maintenant je me rappelais son père.
La messe débordait de monde le dimanche. Le prêtre put difficilement arriver au bout de son homélie.
Pensant à tout cela, je regardais sur internet pour rafraîchir ma mémoire et noter des détails, et je lus l’article de Wikipedia sur Chic Burlingame et ensuite celui sur sa soeur, mon amie. Debra avait été active au bureau du 9/11 Memorial et de la Museum Fondation et critiquait violemment l’idée de construire une mosquée sur le Ground Zero.
Je pris contact avec elle après avoir lu l’article qui la concernait parce que je voulais être sûr qu’elle savait que l’article avait été (pardonnez mon expression) détourné par les islamistes. On y lisait : « Burlingame est bien connue comme une critique sans nuances de l’islam. Elle souffre d’islamophobie, une forme d’intolérance religieuse » (Italiques de moi). L’article note : « Le Mémorial national du 11 septembre et la Museum foundation ont publié une déclaration [soutien sans équivoque à Debra] en réponse à la demande légitime du Conseil sur les Relations Américano-Islamiques d’écarter Mrs Burlingame du bureau de la fondation [italiques de moi]. » Le CAIR bien sûr est un groupe islamiste qui milite pour le Hamas et autres organisations terroristes.
Point de bonne actions qui demeurent impunies. Wikipedia est une grande institution, mais « accès libre » ne signifie que cela, et dans ce cas accès à la diffamation.
Immédiatement après les attaques, il semblait que les Américains étaient devenus plus unis : nous avons même semblé avoir redécouvert des raisons de fierté dans le caractère américain. Quatorze ans plus tard…
Le pape François va visiter le Mémorial deux semaines après cet anniversaire. Il va prier avec des « représentants » locaux des religions du monde ». Nous nous joindrons tous au pape pour ce souvenir dans la prière.
Brad Miner est rédacteur en chef de The Catholic Thing, attaché de recherche au Faith and Reason Institute et membre du bureau de l’Aide à l’Eglise en détresse aux Etats-Unis. Il a été directeur littéraire de la National review. son livre « The compleat gentleman » est disponible en audio et iPhone.
11 septembre 2015
Source : http://www.thecatholicthing.org/prayerful-remembrance/
Photo : Le mémorial du World-Trade-Central.