Sournoise tyrannie passive/aggressive. - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Sournoise tyrannie passive/aggressive.

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Voici quelques années j’ai concocté l’expression « sournoise tyrannie passive/aggressive » pour désigner un phénomène répandu dans le domaine public, particulièrement au sein des universités. De quoi s’agit-il ? Ceux qui se déclarent ouverts et tolérants envers des points de vue différents se démènent par tous les moyens pour exclure tout ce qui n’est pas conforme à leur pensée au sein de leur communauté.

Presque toujours ce phénomène se produit quand l’initiateur d’une exclusion use du langage de la passivité en se déclarant « ouvert à la diversité » tout en lançant un programme tel que ceux qui ne l’approuvent pas sont réputés non seulement nuisibles, mais fauteurs d’injustice.

Un récent incident survenu à l’Université Gonzaga [Saint Louis de Gonzague] à Spokane (État de Washington, Nord-Ouest des USA) est un cas d’école de la sournoise tyrannie passive/agressive. Les administrateurs n’ont pas autorisé la création par un groupe d’étudiants d’un chapitre officiellement rattaché aux Chevaliers de Colombus parce que n’acceptant que des hommes catholiques. 1

Selon la vice-présidente de Gonzaga Sue Weitz, responsable de la vie estudiantine, cette décision se justifie car les règles d’adhésion à cette Chevalerie « sont incompatibles avec la politique et la coutume d’approbation d’associations d’étudiants à l’Université Gonzaga, ainsi qu’avec la règle de non discrimination fondée sur certains critères, dont l’un est l’appartenance religieuse.»

Elle ajoute qu’ « englober la diversité (de la population d’étudiants à Gonzaga, comprenant nombre de non-catholiques) et admettre l’existence d’un groupe se référant exclusivement à la foi serait inacceptable en l’état… c’est une décision de justice sociale, d’équité, conforme au désir de l’Université de gérer et entretenir un environnement tel que nul ne soit exclu.»

Avant d’examiner comment un tel discours de défense de la politique de l’Université est typique du système de « sournoise tyrannie passive/agressive », voyons comment, selon Rebecca Hamilton 2, le chien se mord la queue.

– Premièrement, l’Université Gonzaga a été fondée par un ordre de prêtres connus sous le nom de « Compagnie de Jésus, Jésuites ». La suspension temporaire, et non la modification, des statuts a permis pour la première fois la nomination d’un laïc à la présidence de Gonzaga, les Jésuites n’en sont pas moins un groupe reconnu sur le campus, avec une résidence au nom approprié de « Maison des Jésuites ».

Il n’empêche que la Compagnie de Jésus exige de ses membres d’être non seulement des hommes, mais encore catholiques et célibataires. Bizarrement, si Gonzaga ne peut admettre un groupe fondé selon la foi de ses membres, alors, la communauté des Jésuites de cette école ne se conforme pas à la règle de l’établissement qu’elle a fondé.

– Deuxièmement, l’Équipe Liturgique de l’Université Gonzaga « offre un vaste choix permettant aux étudiants de suivre des retraites, des activités liturgiques et autres évènements reliant la foi à la vie quotidienne. . . participant à la mission d’institution humaniste, catholique et Jésuite de l’Université Gonzaga… » Parmi ces possibilités il y a la célébration de la messe catholique sur le campus. Cependant, ceux qui veulent recevoir le sacrement de l’Eucharistie doivent être en pleine adhésion à l’Église Catholique, ce qui signifie que les non-catholiques, tout comme les catholiques interdits, sont exclus de la participation au repas du Seigneur.

Donc, si Gonzaga s’implique à la non-discrimination selon certains critères — dont le religion — l’Équipe Liturgique de l’Université, proposant la messe catholique sur le campus est en conflit avec la vocation de l’école.

Quoique ces deux points révèlent de l’incohérence dans la politique de l’Université Gonzaga, ils ne montrent pas le problème le plus flagrant quant à l’attitude de l’Université envers les Chevaliers de Colombus. Il s’agit d’évidence d’un cas de « sournoise tyrannie passive/agressive.

Comme sur n’importe quel campus universitaire, Gonzaga accueille parmi ses étudiants des croyants convaincus, chrétiens, juifs et musulmans. Attachés à leur foi — croyant que non seulement leur foi est authentique mais que des pratiques en commun sont nécessaires à leur formation morale et spirituelle — ils souhaitent se réunir selon leurs traditions, s’efforçant de montrer de meilleurs exemples d’une foi authentique.

Selon la nature des croyances de ces étudiants — la différence de sexe a légitimement son importance suivant certaines traditions et célébrations — certains types de réunions spirituelles et morales ne peuvent se tenir de manière œcuménique ou mixte.

En refusant à ces étudiants la possibilité d’organiser des groupes selon cet esprit, l’Université les marginalise, laissant entendre aux autres que leurs attentes religieuses sont illégitimes, indignes de participer à la communauté de Gonzaga et à ses discours sur ce qui est bon, vrai et beau.

Par conséquent, bien qu’une vice-présidente déclare que le vœu de l’Université « est de créer et entretenir un climat d’où nul ne soit exclu », elle procède à des exclusions en sous-entendant que les exclus le sont car animés d’un esprit hostile à la justice sociale et à l’équité.

Exemple de « sournoise tyrannie passive/aggressive » dans toute sa splendeur.

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NDT: ce qui me fait penser au problème actuel en France. Une personne réprouvant le « mariage pour tous » (cette personne peut bien être homosexuelle, il y en a beaucoup,…) s’attire inévitablement le reproche virulent : « vous êtes homophobe! »


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-passive-aggressive-tyranny-trick.html

Photo : Statue du saint jésuite éponyme à l’Université Saint Louis de Gonzague.

  1. NDT: Les Chevaliers de Colombus, association fondée en 1882 dans le Connecticut, à vocation de charité, unité et fraternité — « Au service de chacun, au service de tous ».
  2. NDT: auteur d’un article virulent sur le site Public catholic, « un organisme catholique interdit parce que catholique ».