Soudan : un évêque soudanais réagit au mandat d’arrêt international émis contre le président al-Bashir - France Catholique
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Soudan : un évêque soudanais réagit au mandat d’arrêt international émis contre le président al-Bashir

Par John Pontifex et Mario Bard, AED
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La fin des abus aux droits de la personne des soudanais (et non le renversement du président), est la solution aux problèmes du pays, selon un évêque de Khartoum au franc parler.

Avec des milliers de partisans réunis dans les rues afin de supporter le président Omar al-Bachir, Mgr Daniel Adwok Kur appelle la communauté internationale à prier pour que le pays « tourne la page » et garantisse le respect pour toutes les communautés du pays, sans regard aux différences ethniques et religieuses.

Encore plus important, l’évêque auxiliaire de Khartoum estime que ce n’est pas le temps de considérer un changement de dirigeant, déclarant que cela pourrait faire dérailler le fragile processus de paix, spécialement au Sud Soudan.

Ses commentaires, faits lors d’une entrevue accordée depuis Khartoum à l’organisme international de charité catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), font suite à la décision de la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye la semaine dernière, d’émettre un mandat d’arrêt contre le président al-Bashir, accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre dans la région du Darfour, dans l’ouest du Soudan. « L’inculpation du président n’est pas un fait pris à la légère par le président et son entourage », indique Mgr Adwok. « Le faire partir pourrait jeter des obstacles sur le sentier de la paix, également dans le sud du pays. » C’est pourquoi Mgr Adwok insiste : « Nous encourageons les gens dans le monde à prier pour nous. Le Soudan est entré dans un moment critique de son histoire. »

Appel à la fin des abus

Depuis quatre ans, une paix incertaine est en place suite à l’accord de paix conclu entre le gouvernement de Khartoum et les chefs rebelles du sud, mettant fin à 25 ans de guerre civile. Par contre, la tension augmente dans la région, dans la mouvance créée par la tenue d’un référendum sur l’indépendance du sud prévu dans deux ans.

« Peu importe ce qui arrive maintenant, la population devrait être traitée avec justice », estime Mgr Adwok. « Nous nous demandons: “qui va défendre les droits des chrétiens dans notre pays?” ».

« Par-dessus tout, la justice pour la population devrait être maintenue ».
L’évêque appelle à la fin des abus contre les minorités, y compris les chrétiens. « Il y a eu abus des droits humains depuis longtemps, et maintenant, nous avons besoin de mettre cela derrière nous. Par-dessus tout, la justice pour la population devrait être maintenue », indique encore Mgr Adwok. « Ceux qui ont souffert sont des personnes innocentes qui ont été mises dans la misère à cause de leurs origines, leurs religions ou leurs cultures. »

Les déclarations de Mgr Adwok viennent après celles de Mgr Rudolf Deng, président de la conférence des évêques catholiques du Soudan qui, dans un communiqué, indiquaient que l’arrestation du président al-Bachir ne ferait que créer plus de tensions dans le pays.

Dans le communiqué donné à CISA, le Catholic Information Service for Africa, Mgr Deng écrit : « Ce dont nous avons besoin, c’est de plus de sincérité de la part des chefs [du gouvernement] et des rebelles ainsi qu’un engagement plus sérieux de la communauté internationale à sauver le Soudan. »

L’AED continue à soutenir au Soudan

Mgr Adwok souligne que le travail de soutien aux prêtres, aux religieuses et aux écoles, ne sera pas affecté par la montée de la tension à Khartoum. On sait que le président al-Bachir, suite au mandat d’arrêt émis contre lui, à annoncé l’expulsion de 13 agences d’aide internationale, un geste qui a provoqué une vague de protestation.

L’AED travaille directement avec les dirigeants ecclésiaux sur le terrain. Elle y aide les séminaristes, les religieuses, les catéchistes, distribue des intentions de messe, des Bibles pour enfants et soutient les écoles du projet « Save the Saveable » pour les enfants déplacés et réfugiés.
« Le soutien donné par l’AED est crucial pour le développement de l’Église au Soudan », a déclaré Mgr Adwok. « J’aimerais remercier tous ceux qui nous aident, spécialement en ces temps de grande tension et de difficulté. »