Une fois encore, la question des discriminations raciales s’impose, alors que l’inhumation de George Floyd à Houston est une nouvelle occasion pour l’opinion américaine de s’interroger et que les dirigeants s’opposent entre ceux qui veulent changer les choses et ceux qui défendent la loi et l’ordre. Ainsi la campagne présidentielle aux États-Unis est-elle en train de changer de nature, puisqu’elle semble devoir être polarisée par les conséquences du drame de Minneapolis. Et le mouvement s’est répercuté dans le monde entier, spécialement chez nous, notre gouvernement évoluant difficilement sur ce que certains appellent une ligne de crête, à propos de la police. Une police que l’on veut à la fois défendre contre les accusations unilatérales de racisme et contraindre à se purger de ses mauvais éléments.
Est-il vrai, comme le veut un éditorialiste, que la campagne américaine opposera le cynisme du président Trump à l’idéalisme de son concurrent démocrate Joe Biden ? Il faut espérer que non, parce que l’idéalisme n’est pas vraiment une réponse en soi. On est bien obligé de partir des réalités dès lors qu’il s’agit de choix politiques. Ce qui n’exclut pas de parler aussi sérieusement des aspects philosophiques et anthropologiques posés par le mal-être d’une société. Que veut-on dire exactement, par exemple, lorsque l’on parle de racisme structurel et plus gravement encore de racisme quasiment ontologique ? Certaines propositions font frémir, telle celle qui impose l’idée d’un suprémacisme naturel à l’homme blanc, parce qu’inscrit en quelque sorte dans sa nature. En ce cas, les choses sont désespérées, parce qu’on voit mal comment aboutir à une conversion véritable, sinon aux forceps et donc au prix des conditions totalitaires aptes à faire surgir le meilleur des mondes.
Il est vrai qu’il existe aux États-Unis une forte réaction émanant d’intellectuels noirs, qui estiment qu’il est préjudiciable au progrès de la population africano-américaine de s’enfermer dans une telle impasse, alors qu’il faudrait s’en sortir au plus vite. Il me semble aussi que s’il existe une différence chrétienne sur le terrain philosophique et politique, elle devrait s’affirmer dans le sens d’une ouverture fraternelle, à l’opposé de tout enfermement radical mortel.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 10 juin 2020.