Sommes-nous dans un climat tel que la seule attestation de notre foi nous fera soupçonner d’être virtuellement des terroristes intégristes ? La question n’est pas tout à fait incongrue, même si, fort heureusement, on peut encore penser et croire librement dans notre pays. Certaines attaques contre le monothéisme dans diverses tribunes donnent le sentiment d’une suspicion ouverte, capable de se développer en une véritable hargne. Tel collègue de Libération estime « que les religions sont nocives, que les monothéismes ont un souci avec la démocratie et que l’islam, comme avant lui le catholicisme, veut imposer sa vision du monde. » Je ne ferai pas l’analyse complète de ce papier mais j’en retiens l’idée d’une sorte de névrose anti-religieuse, qui se nourrit de clichés, d’idées toutes faites qu’il est difficile de discuter rationnellement.
Que voulez-vous répondre à des gens qui vous considèrent a priori comme des « enrégimentés » ne cherchant qu’à imposer leur vision du monde ? Leurs affirmations générales semblent dénuées de toute investigation du mystère chrétien ou de la démarche intime de la foi. Il s’en tiennent à la dénonciation de mécanismes psychologiques dont ils imaginent que nous serions comme les possédés. Dans ces conditions, on ne s’étonne pas que le quotidien Le Monde fasse l’éloge d’une pièce comme « Martyr » d’un auteur allemand, Marius von Mayenburg, dont le but est de montrer comment le catholicisme mène au fanatisme, ce fanatisme dont les journalistes de Charlie Hebdo ont été les victimes. Suivez mon regard : religieux, nous sommes tous des fanatiques dangereux.
Pourtant, à Libé, en fait de fanatisme on pourrait s’interroger sur un extrémisme idéologique qui fit des ravages chez certains à l’origine de ce journal. Mais renonçons à la polémique et tentons de nous expliquer sereinement. Peut-être à partir d’une réflexion sur l’acte de foi lui-même, qui s’origine dans la liberté la plus profonde de la personne et s’oppose donc, par principe, à tout fanatisme et à tout fondamentalisme, qui, par ailleurs, ne sont pas l’apanage des seules religions et concernent aussi les idéologies qui ont crucifié le XXe siècle.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 février 2015.
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