Sociologie électorale - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Sociologie électorale

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Les données de la sociologie électorale bougent. Je ne suis pas un spécialiste de cette discipline qui existe depuis pas mal de temps et je serais bien incapable de commenter toutes les subtilités de son histoire. Elle a eu ses grands noms, tels André Siegfried, référence majeure des anciens étudiants de Sciences Po, mais aussi René Rémond qui a longtemps présidé aux soirées électorales de la télévision, pour commenter avec maestria les résultats qui sortaient des urnes au fur et à mesure. Il y a sans doute encore des repères culturels qui permettent d’apprécier certaines constantes dans des régions particulières. Récemment, un ami m’expliquait savamment pourquoi la droite dominait la moitié de la Creuse et la gauche l’autre moitié. On établissait souvent des relations entre les appartenances politiques et les pratiques religieuses. Jean Guitton pouvait établir de façon très précise pourquoi à la porte même du domaine familial de Fournoux existait une frontière qui séparait deux France opposées.

Aujourd’hui, les experts dissertent de l’évolution du vote ouvrier, qui se reporte assez massivement sur Marine Le Pen, même si François Hollande semble avoir récupéré une part de ce public par rapport aux pertes de la gauche depuis Mitterrand. Une remarque intéressante : « Les ouvriers nés après 1960 n’ont pas été socialisés par les partis de gauche. » C’est un titre du Monde. Oui, il s’est passé des choses depuis les sixties, notamment le déclin fatal du Parti Communiste, qui, si longtemps, avait exercé la fonction dite tribunicienne de la classe ouvrière. La chute du mur de Berlin est aussi symbolique d’un renversement idéologique, avec l’éloignement d’une catégorie sociale qui se réfère à d’autres repères. Parfois même, la gauche socialiste montre son désintérêt à l’égard de cette classe, réputée désormais réactionnaire.

Il faudrait aussi mettre en évidence les évolutions intellectuelles. Un Jean-Luc Mélenchon, qui voudrait reconquérir cet électorat populaire, déclare qu’il se sent plus proche d’Albert Camus que de Jean-Paul Sartre. Il y a un demi-siècle, une telle position aurait été incompréhensible à gauche. Oui, les choses bougent, et le sort de l’élection présidentielle est lié à cette mutation de fond.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 8 février 2012.