Sites américains, lieux catholiques - France Catholique
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La justice de Dieu
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Sites américains, lieux catholiques

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”L’unique établissement universitaire aux USA où les téléphones portables sont interdits, mais pas les armes à feu”, c’est le slogan de la faculté catholique du Wyoming, à Lander. Mais l’administration de l’établissement est prudente, dans tous les sens du mot — au sens premier, soucieuse de toutes les réalités, comme au sens actuel, consciente des dangers éventuels. La chasse sur le campus est interdite avec une arme à feu ; seuls arc et flèches y sont permis.

J’y suis allé récemment à l’occasion d’un séminaire ”Fides et Ratio” organisé sous les auspices de l’Institut Faith & Reason (Foi et Raison), institution parente de The Catholic Thing, ces deux organismes étant dirigés par Robert Royal. Merveilleusement animé par le Professeur Patrick Powers et par Paul Jackson, également issu de la Faculté Thomas More dans le New Hampshire, le séminaire attire des enseignants catholiques et autres pour une semaine de lectures et de discussions intensives. Une somptueuse semaine, à la fois dans la joie d’une recherche intellectuelle de la vérité catholique et l’admiration du premier ”bouquin divin”, comme le nouveau président de la faculté catholique du Wyoming aime désigner la beauté des paysages autour de Lander.

Alors que la liberté religieuse et l’enseignement catholique sont en butte à des conditions de plus en plus dégradées dans l’Amérique actuelle, une vigoureuse défense intellectuelle et, si besoin, (excusez ma paranoïa) une défense physique, auront leur base dans le Wyoming central.

Prenant la route depuis la côte atlantique en direction de Lander, traversant ce que les intellos appellent ”les États à survoler” j’ai découvert d’autres points d’appui pour l’unique véritable foi. En Europe, ou dans l’anciennement espagnol État de Floride les marques et édifices catholiques ne sont pas rares. Pour moi ce périple à travers l’Amérique a été une source inattendue et rafraîchissante de plaisirs.

Le ton pour le voyage m’a été donné juste avant lors d’une visite à l’abbaye bénédictine de la Sainte Croix à Berryville (Virginie) pour la fête de St. Benoît. Réputée pour sa boulangerie, elle est située dans un coin ravissant au bord de la Shenandoah [affluent du Potomac dans la chaîne des Appalaches]. Nombre de catholiques de la région de Washington viennent y goûter une atmosphère de sérénité. Les prières et le travail des moines envoient certainement beaucoup de nécessaire sainteté par le flot de la Shenendoah rejoignant le Potomac jusqu’au ventre du monstre [Washington]. Mon propos aujourd’hui n’est pas d’expliquer comment.

Pour commencer le voyage, j’ai assisté de bonne heure à la messe dans une autre institution catholique, la faculté de la Chrétienté à Front Royal (Virginie). J’ignore si les téléphones portables ou les armes à feu y sont autorisés, mais je sais qu’on y dispense, dans un environnement fidèlement catholique, un enseignement d’excellence à des étudiants de fort calibre. Et je ne rate jamais l’occasion d’une adoration à l’église paroissiale St. Jean Baptiste quand je passe à Front Royal.

Après la merveilleuse traversée de la Virginie Occidentale j’ai passé la nuit en Indiana et vu avec plaisir la foire agricole de Croydon. Cap à l’Ouest, j’ai vu les poteaux indicateurs de l’Abbaye de Saint Meinrad, puis ceux d’un autre monastère. En rater un, peut-être, mais pas deux.

J’ai quitté l’autoroute pour aller au beau monastère de l’Immaculée Conception, à Ferdinand.(Indiana) ; il a été fondé en 1867 par des sœurs bénédictines allemandes venues comme enseignantes pour une communauté d’agriculteurs catholiques. L’église est magnifique.
Encouragé par une sœur, j’ai rebroussé chemin pour découvrir St. Meinrad et sa belle église — j’ai écouté l’orgue que l’on accordait alors — puis visité le sanctuaire voisin Monte Cassino dédié à la bienheureuse Vierge Marie. L’abbaye fut fondée en 1854 par des moines suisses. Elle abrite actuellement un séminaire et d’autres activités, dont une imprimerie et une fabrique de cercueils.

Je n’étais pas certain de quitter l’Indiana — en avais-je seulement envie ? — mais j’ai poursuivi ma route. Le Kansas m’a offert de nouveaux paysages. J’ai découvert, dominant les plaines qui entourent la ville de Victoria, la majestueuse église St. Fidelis, la ”Cathédrale des plaines”, comme l’a nommée William Jennings Bryant. Ce joyau roman est un autre tribut aux fermiers de l’immigration : de hardis allemands de la Volga fuyant le Tsar fondèrent avec des pères capucins la première paroisse. Suite à un vote populaire en 2008 elle a été désignée comme une des Huit Merveilles du Kansas ; alors Gouverneur du Texas, Kathleen Sebelius [ NDT : soi-disant catholique pratiquante, Kathleen Sebelius est Ministre de la santé et des affaires sociales, farouche propagandiste avec Obama en faveur de la contraception et de l’avortement.] n’a pas pris la peine d’y opposer son veto. On ne peut s’empêcher d’imaginer ce que ces fermiers allemands de la Volga
lui auraient fait subir.

Beaucoup de belles églises catholiques parsèment la plaine, visibles depuis l’autoroute. Pour certaines, de simples poteaux indicateurs peints à la main donnent aux voyageurs les horaires des messes.

Finalement, sur une route pittoresque au Nord du Colorado, je suis tombé sur la modeste abbaye de St. Walburga, une communauté de religieuses contemplatives. Franchissant la grille d’entrée, j’ai vu les troupeaux des sœurs, bovins et lamas. Je ne suis pas facile à surprendre, mais alors, . . . .

Toutes ces communautés et leurs structures semblent appartenir à un autre monde, et pourtant elles sont bien là, de notre époque. Un côté frappant de mon équipée, pourtant, est la grande simplicité qui fait tant de bien à découvrir.

Dans tous les États, le long de toutes les routes, j’ai vu des pancartes de vie — grands panneaux ou panonceaux proclamant le choix en faveur de la vie, l’horreur de l’avortement, souvent illustrés d’images d’enfants. Preuve que nombreux sont ceux qui tiennent la vérité et veulent la partager.

Après quelques jours dans le Wyoming mon chemin m’a mené à un autre genre de pélerinage, dans l’État du Sud Dakota, au Mont Rushmore où sont sculptées dans la falaise les têtes de Washington, Jefferson, Lincoln et Teddy Roosevelt — un temple de la religion civique américaine. Un film montrant l’exécution de ces sculptures rappelle l’origine du projet dans les années 1920, époque d’une Amérique florissante pleine de confiance dans le progrès, avant la grande crise, le New Deal, la seconde guerre mondiale, la guerre froide, les années 1960 et bien d’autres événements.

Il y a tant de bonnes choses en Amérique, y-compris une présence catholique remontant non seulement aux débuts du colonialisme et des missions sur les deux côtes, mais à l’expansion dans tout l’intérieur. Rouler dans ”les États à survoler” nous rappelle ce qui demeure et ce qui change. Une grande part de la nation a décidé que les idées telles que la loi naturelle et un ordre conforme à la création divine ont leur importance au fin fond du pays et dans les endroits les plus reculés.

Merci, mon Dieu, pour ces endroits. Il nous en faudrait encore plus.


L’Abbaye Saint Meinrad, dans l’Indiana.

http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/american-places-catholic-spaces.html