Shimon Peres - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Shimon Peres

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La mort de Shimon Peres est ressentie aussi bien en Israël que dans le monde comme celle d’une figure historique, parce que l’ancien Président et prix Nobel de la paix s’identifiait à son pays, ayant même participé à sa naissance. Né en Pologne, c’est à 11 ans qu’il était arrivé dans la Terre promise, avant que l’État juif ne se soit constitué en Palestine. Tout jeune, il avait participé à l’épopée nationale, de la façon la plus efficace, puisqu’il avait été en charge de l’armement de la future Tsahal, qu’il saura doter d’une puissance de feu, qui ira même jusqu’à la force nucléaire. C’est dire la complexité du personnage, dont on retient surtout aujourd’hui la dimension de visionnaire et d’ardent constructeur de la paix, grâce aux accords d’Oslo qu’il avait négociés d’un bout à l’autre.

La politique est un art qui demande des qualités très pragmatiques, tacticiennes. Il faut savoir manœuvrer dans la jungle des appareils de l’oligarchie partisane. Shimon Peres a su le faire mieux que quiconque, en comploteur infatigable. Mais cela ne suffit pas. Il faut savoir dépasser les points de vue étroitement partisans, pour s’identifier à un projet et à des objectifs supérieurs. C’est là qu’il prouvait sa différence, capable de s’affirmer sur la scène internationale, parce qu’il paraissait au-dessus des contingences que, par ailleurs, il assumait. En dépit de son parcours gouvernemental chaotique, il avait fini par incarner une permanence morale. Et lorsqu’en fin de carrière il accède à la présidence de la République, on est obligé de reconnaître que la fonction lui convient particulièrement bien, parce qu’il s’identifie complètement à Israël. Il a été associé à toutes ses épreuves, ses réussites et ses échecs. De plus, il a désormais l’auréole du prix Nobel, avec le but de réussir la réconciliation avec les Palestiniens.

Réconciliation problématique depuis l’origine de l’État d’Israël et qu’un prophète comme Martin Buber avait toujours préconisée, en redoutant qu’elle soit impossible. Il y a une logique de puissance de la politique qui rend difficile le partage des responsabilités et les compromis équitables. Au moins, Shimon Peres aura-t-il passé ses dernières années à vouloir l’impossible, en assumant toutes les occasions de dialogue, jusqu’à celle provoquée par le pape François dans les jardins du Vatican !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 29 septembre 2016.