Demain vendredi, nous disposerons donc du texte de l’exhortation apostolique du pape François intitulée Amoris laetitia. J’ai déjà confié hier, mon désir d’une lecture approfondie et d’une réflexion dans un climat de sérénité. Ce n’est guère facile aujourd’hui, avec des passions aussi vives et un débat public souvent au bord de l’hystérie. Non que je répudie, par principe, la polémique, qui peut être saine quand elle est loyale, et profitable lorsqu’elle permet de creuser un sujet. La confrontation peut permettre la saisie des arêtes d’une question ardue, en nous gardant des consensus trop rapides et des vues unilatérales. Tant mieux, d’une certaine façon, si Amoris laetitia prête à des échanges contradictoires, à condition que ce soit dans une perspective de vérité et de service de la véritable unité.
Pour amorcer ce débat, j’ai esquissé l’idée qu’il y avait comme un pari audacieux dans le titre même du document. Associer l’amour et la joie n’est nullement évident, même si spontanément on pense au bonheur, comme fruit de l’amour. Ce ne peut être qu’une conquête, non pas au sens guerrier mais au sens d’un dépassement de soi-même qui ne va pas sans sacrifice. Pour les chrétiens, si l’amour est seul digne de foi, c’est qu’il se révèle comme tel en Dieu seul et dans l’offrande totale du Christ à l’humanité. Nous savons bien que cette preuve suprême d’amour nous a été donnée dans la Rédemption. Et la Rédemption nous renvoie au mystère d’iniquité présent en ce monde.
La culture moderne, dont je parlais hier, est très près du langage théologique, lorsqu’elle insiste sur le traumatisme de l’humanité qui a tant de peine à se sortir de ses abîmes. La joie de l’amour ne saurait donc être une donnée immédiate, un bien à revendiquer à la façon d’un droit. Elle est le fruit d’une révélation. Révélation de l’amour divin lui-même. « Par dessus tout, écrit saint Paul aux Colossiens, revêtez la charité qui est le lien de la Perfection. » L’exhortation apostolique, n’en doutons pas, nous ramènera en priorité aux fondamentaux de la foi et de la charité.
