Servir les malades par la miséricorde - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Servir les malades par la miséricorde

À l’exemple de Mère Yvonne-Aimée, les religieuses qui tiennent aujourd'hui la clinique de Malestroit (Morbihan), voient dans le malade une figure de Jésus.
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En plus des soins, les Augustines de Malestroit visitent les malades afin que soient soignés ensemble « et le corps et l’âme ».

En plus des soins, les Augustines de Malestroit visitent les malades afin que soient soignés ensemble « et le corps et l’âme ».

© AMJ – Malestroit

Avec ses 2 500 habitants et son centre-ville pittoresque, Malestroit correspond parfaitement à l’idée que l’on se fait d’une petite ville du Morbihan. À une particularité près : à deux pas de la place où se tient le marché, se dresse une grande clinique, adossée au couvent des Sœurs hospitalières de la Miséricorde de Jésus : la clinique des Augustines.

« Tout a commencé à Dieppe, entre le VIIIe et le XIIe siècle, lorsque des femmes s’émurent de la misère qui régnait dans la ville et qui, au nom de leur foi, se sont mobilisées pour venir en aide aux miséreux », explique Mère Marie Paul, prieure de la communauté. À l’époque, pas d’ONG ni d’associations caritatives : c’est l’Église qui pourvoyait aux besoins des nécessiteux, « à l’image du Christ dans l’Évangile », comme tient à le rappeler la religieuse. Peu à peu, ces femmes s’organisent en congrégation et choisissent d’obéir à la règle de saint Augustin, tout en prononçant un premier vœu : servir les malades par la miséricorde. Rien d’étonnant à ce qu’Yvonne-Aimée se sente appelée par cet ordre, tant « tout ce qui constituait sa vie avant d’entrer chez les Augustines était à leur image, elle qui aimait tant s’occuper des pauvres », souligne Mère Marie Paul.

Le 25 octobre 1866, les Augustines s’installent à Malestroit en ouvrant un pensionnat pour filles et un hospice. Abandonnant l’éducation sous l’effet des lois anticléricales de 1902, les religieuses se consacrent exclusivement au soin des malades, notamment durant la Grande Guerre où les blessés affluent. Le 18 mars 1927, la cloche de la chapelle des Augustines retentit à 30 reprises, comme il est de coutume pour signaler l’entrée d’une nouvelle postulante. La jeune Yvonne-Aimée fait son entrée dans la communauté de Malestroit. « Dès son arrivée, elle sent que la communauté doit vivre encore davantage son charisme de charité envers les malades », note l’actuelle prieure de Malestroit.

Agrandir la clinique

Dans une extase, la jeune novice comprend qu’il faut alors agrandir la clinique. S’inspirant de visites auprès d’autres établissements hospitaliers ainsi que de son expérience mystique, elle prend en charge les plans du nouvel établissement, financé en grande partie grâce à l’aide de l’industriel breton René Bolloré. Malgré son jeune âge, la novice vise juste : « Quand nous avons à nouveau agrandi les lieux il y a quelques années, nous sommes tombées sur des sources souterraines que nous avons dû drainer. Ainsi, on a découvert que le lieu choisi par Yvonne-Aimée il y a presque un siècle était le seul endroit constructible », s’émerveille Mère Marie Paul.

250 professionnels de santé

Aujourd’hui, l’œuvre d’Yvonne-Aimée de Malestroit s’est encore développée. La clinique compte 250 professionnels de santé, dont 22 médecins. À l’intérieur, un passage permet aux 26 sœurs de la communauté de passer de la clôture à la clinique. « Ici, nous sommes “chez” Mère Yvonne-Aimée », raconte dans un sourire Sœur Laure, qui travaille dans le service de rééducation. « C’est une responsabilité de continuer dans sa voie », confie pour sa part Sœur Monika. Car il faut dire qu’à l’image de l’ordre qu’elle a rejoint, Yvonne-Aimée de Malestroit avait une très haute conception de la charité. « Elle avait compris que le malade souffrant est Jésus-Christ lui-même », explique ainsi Mère Marie Paul, qui rappelle qu’un jour où elle n’avait pu recevoir l’eucharistie, Yvonne-Aimée avait dit dans une prière : « Je n’ai pas pu Te recevoir dans l’Hostie, [mais] je vais Te retrouver chez Tes pauvres que Tu as consacrés comme Tu as consacré l’Hostie. » Les religieuses de la communauté sont d’ailleurs invitées à méditer ce mystère dès qu’elles entrent dans leur chapelle où, au-dessus de l’autel, se déploie un grand vitrail catéchétique : le Christ y est crucifié non pas sur la croix mais sur un olivier, symbole du réconfort qu’il apporte aux éprouvés, telle l’huile du Bon Samaritain qui apaise les blessures. À l’arrière-plan, une religieuse visite un malade, dont le visage n’est autre que celui du Christ lui-même.

Retrouvez la fin de l’article dans le numéro spécial consacré à Yvonne-Aimée de Malestroit.