Sensibilités ecclésiales - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Sensibilités ecclésiales

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© Lothar Wolleh

La nomination d’un nouvel archevêque de Paris n’échappe pas aux tentatives de classement idéologique. Il serait d’ailleurs malhonnête d’exclure, par principe, ce genre de catégories. Si l’on parcourt l’histoire récente du catholicisme français, celle de l’après-guerre, on est bien obligé d’admettre que les termes de progressisme, de conservatisme ou encore de traditionalisme, renvoient à des débats et à des séquences qui l’ont marqué profondément. Seulement, on constate aussi combien ces catégories ont évolué au cours du temps, parce que leur problématisation ne correspondait plus aux situations concrètes. Ainsi, le progressisme qui suit les années de la Libération, est complètement lié à la question communiste. Avec une Europe divisée par un mur de fer et l’existence d’un fort parti communiste en France. L’obsession d’un dialogue avec le marxisme se prolongera dans le monde catholique jusque dans les années soixante.

La chute de l’empire soviétique sera évidemment fatale à ce progressisme-là, en dépit du moment maoïste, qui fascinera encore quelques marges militantes. Le concile Vatican II ne pouvait que produire à son tour des clivages d’une autre nature, même s’ils ne sont pas toujours dépourvus de complicités politiques. Le futur cardinal Congar aura un mot pour le moins malheureux, en comparant le début du concile à la révolution bolchevique de 1917. Était-ce une raison pour des manifestants traditionalistes de le poursuivre de leurs cris : « Congar à Moscou » ? Évidemment non. Mais les clivages du moment pouvaient produire de curieuses confusions. Le même Congar s’emploierait d’ailleurs à les dissiper en menant un dialogue bienveillant avec les partisans de Mgr Lefebvre.

Quand on accole aujourd’hui le terme de « progressiste » au pape François, est-ce par parti-pris polémique ou à la suite d’une étude vraiment sérieuse de sa pensée ? Ce type d’étude, c’est du moins mon sentiment, conduit à la reconnaissance de beaucoup de complexité. Une complexité qui peut déconcerter, mais elle correspond aussi au monde actuel, à ses contradictions, à ses énigmes. Et la persistance de sensibilités différentes dans le catholicisme ne saurait nous faire oublier le trésor commun d’une Révélation qui nous domine et nous éclaire.