Rome a passé la Semaine Sainte sous le signe de la miséricorde, héritage spirituel de Jean-Paul II, disparu il y a cinq ans.
Dimanche des Rameaux.
Parvis de Saint-Pierre. Benoît XVI ouvre la Semaine sainte par la XXVe Journée mondiale de la Jeunesse dans le sillage de son « bien-aimé prédécesseur ». Ce « pèlerinage des jeunes, à travers toute la planète, à la suite de Jésus » n’a cessé de s’amplifier. Le pape demande à la « nouvelle génération » de « témoigner avec la force douce et lumineuse de la vérité » pour que l’humanité de ce millénaire connaisse « le modèle le plus authentique : Jésus-Christ ».
Lundi saint.
Saint-Pierre. Messe en mémoire de Jean-Paul II présidée par Benoît XVI. Présence du cardinal Dziwisz et d’une délégation polonaise. Le pape trace le programme du chrétien, dans le sillage du « grand Polonais » : être « en toute circonstance » des « apôtres infatigables de son divin Fils, et de son Amour miséricordieux ».
Jean-Paul II « s’est prodigué, dit Benoît XVI, pour proclamer le droit avec fermeté, sans faiblesses ou hésitations, surtout lorsqu’il devait se mesurer à des résistances, des hostilités, des refus ». C’est de l’aujourd’hui !
Et même « la faiblesse physique progressive », n’a « jamais entamé sa foi, comme un roc, son espérance lumineuse, sa charité ardente », car « il s’est laissé consumer par le Christ, pour l’Eglise, pour le monde entier : sa souffrance a été vécue jusqu’au bout par amour et avec amour ».
Homélie de Benoît XVI pour la messe du Jeudi Saint
http://www.anneedusacerdoce.org/?Homelie-de-Benoit-XVI-pour-la
Vendredi saint.
Célébration de la Passion, à Saint-Pierre. Le prédicateur de la maison pontificale, le P. Raniero Cantalamessa rappelle la leçon du « pardon » enseigné par Jean-Paul II à l’Eglise et au monde : « Jean-Paul II a inauguré la pratique des demandes de pardon pour des torts collectifs ».
Le P. Cantalamessa braque son objectif sur cette demande de pardon « qu’une moitié de l’humanité doit demander à l’autre : les hommes aux femmes ».
Qui ne se souvient du 12 mars 2000 ? A Saint-Pierre aussi. L’Eglise appelée à confesser les péchés ayant blessé « la dignité de la femme et l’unité du genre humain ». Dix ans n’ont pas suffi pour faire passer ce pardon derrière les murs domestiques.
« Cette demande de pardon, avertit aujourd’hui le prédicateur du pape, ne doit pas rester générale et abstraite. Elle doit conduire, notamment ceux qui se disent chrétiens, à des gestes concrets de conversion, à des paroles d’excuse et de réconciliation au sein des familles et de la société ».
Il dénonce. « Il existe des familles où l’homme, s’estime encore autorisé à hausser le ton et lever la main sur la maîtresse de maison. Femmes et enfants vivent parfois sous la menace de la « colère de papa ». »
La « colère de papa » pour des « broutilles ». Le contraire de la miséricorde, qui ne s’enflamme pas, qui ne détruit pas l’humanité, même après des crimes monstrueux… Car c’est le Christ qui a pris sur lui cette monstruosité dont l’humanité se rend coupable dans l’histoire : « Les autres prêtres offrent tous des victimes, le Christ, lui, s’est offert en victime ! »
La violence « est perdante » : que l’humanité entende ! « Le sacrifice du Christ (…) crie au monde que la violence est un résidu archaïque, une régression à des stades primitifs et dépassés de l’histoire humaine et, s’agissant de croyants, un retard coupable et scandaleux dans la prise de conscience du saut de qualité opéré par le Christ ».
Et puis, cette année, la Pâque chrétienne coïncide avec Pessah, la Pâque juive, sa « matrice ». C’est l’heure de se rappeler l’histoire de « nos frères juifs » qui « savent par expérience ce que signifie être victimes de la violence collective », qui savent par conséquent « en reconnaître les symptômes récurrents ».
Un ami juif lui a écrit pour Pâques – on pense à l’ami juif de Karol Wojtyla – : « Je suis avec dégoût les violentes attaques (…) contre l’Eglise, le Pape et tous les fidèles provenant du monde entier. L’utilisation du stéréotype, le passage de la responsabilité et d’une faute personnelle à une [responsabilité] collective me rappellent les aspects les plus honteux de l’antisémitisme ».
« Notre Pâque et la vôtre, conclut l’ami du dialogue, ont des différences indéniables mais elles vivent toutes deux dans l’espérance messianique qui nous réunira , c’est sûr, dans l’amour du Père commun. Je vous souhaite donc, à vous, et à tous les catholiques, une Bonne Pâque ».
Vendredi soir. Colisée. 7e station du Chemin de Croix. Le cardinal Camillo Ruini prie: « Père riche en miséricorde, aide-nous à ne pas rendre encore plus pesante la croix de Jésus ». Il donne la parole à Jean-Paul II : « La limite imposée au mal, dont l’homme est le fauteur et la victime, c’est en définitive la divine miséricorde » (Mémoire et Identité, p. 70) ». Lors de la Via Crucis de 2005, Jean-Paul II était cloué par la souffrance en sa chapelle privée. Il embrassait la croix.
Et puis, au soir du 2 avril, il est passé de ce monde à l’autre. Sa dernière messe : celle du Dimanche de la Miséricorde qu’il avait donné à l’Eglise en l’an 2000 pour son entrée dans le IIIe millénaire.
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Revue de la presse française :
Le chemin de croix du Pape vu par le site de France 2 : « Un prêtre compare l’Eglise aux juifs persécutés […] Les victimes de prêtres pédophiles indignées […] Aux Etats-Unis, des associations juives scandalisées. »
Un sondage américain : WASHINGTON, 3 avr 2010 (AFP) – Les Américains font de moins en moins confiance au pape
Dans Libération :
Le rapprochement fait par le prédicateur du Vatican entre les attaques contre le pape dans les scandales de pédophilie et l’antisémitisme est «une insulte et une impertinence», a affirmé samedi le sécrétaire général du Conseil central des juifs d’Allemagne.
«Il s’agit d’une impertinence et d’une insulte vis-à-vis des victimes des abus sexuels ainsi que des victimes de la Shoah», a déclaré Stephan Kramer à l’AFP.
http://www.liberation.fr/monde/0101628348-le-predicateur-du-pape-est-impertinent-et-insultant
Le prédicateur du pape est «impertinent» et «insultant»