Pour réfléchir aux événements de cette Semaine sainte, nous disposons, cette année, d’un guide particulièrement précieux. Je veux parler du deuxième tome du « Jésus de Nazareth » de Benoit XVI. Le livre est paru il y a déjà quelques semaines, mais sa lecture est particulièrement à recommander ces jours-ci puisqu’il concerne entièrement le sommet des récits évangéliques avec la Passion et la Résurrection. En suivant pas à pas ces récits, qu’il confronte les uns au autres, le Pape nous conduits à la signification théologique supérieure de ce j’appelais il y a deux jours « la Dramatique divine ». C’est dire l’extrême précision du commentaire qui joint à la rigueur de l’interprétation des évangiles la sûreté de la leçon qu’il dispense.
Je ne puis en donner qu’un seul exemple, celui qui concerne la responsabilité des acteurs du drame. Ce n’est pas le peuple entier de la ville de Jérusalem qui a réclamé la mise en croix, c’est le milieu sacerdotal du temple, auquel se sont joints les partisans de Barrabas. Et si l’évangéliste Matthieu élargit ce cercle, on doit impérativement se rappeler que le sang du Sauveur, celui qui doit retomber jusque sur la descendance du peuple, n’exige, nulle vengeance, nulle punition, car il est pure réconciliation. « Il n’est pas versé contre quelqu’un, mais c’est le sang répandu pour la multitude, pour tous ». Pour le salut du monde. C’est pourquoi il y a toujours méprise, lorsqu’on veut faire du Crucifié l’objet d’une guerre, d’une vengeance. Son sang est celui du pardon, de la Rédemption, il bénit et si nous n’acceptons ni bénédiction, ni réconciliation, c’est notre conscience qui nous condamne. Bernanos aurait ajouté que la question est alors d’avoir l’humilité de nous aimer nous-mêmes, pécheurs que nous sommes.
Jésus de Nazareth, tome 2 (édition du Rocher)