Coup de tonnerre à Athènes ! La victoire de Syriza aux élections grecques constitue un véritable tremblement de terre pour toute l’Europe. En tant qu’éditorialiste, il m’est impossible d’échapper au sujet alors que je méditais de tirer les leçons du beau succès de la Marche pour la vie à Paris, mais j’aurai l’occasion d’y revenir. Le fait massif qu’une formation politique d’extrême gauche puisse conquérir le pouvoir dans un pays européen montre à quel point les bouleversements de la situation économique et sociale ont amené une modification profonde des données politiques et sociologiques. Les clivages habituels sont comme effacés, la gauche traditionnelle disparaît, la droite est battue. Il est difficile de prévoir comment la nouvelle équipe au pouvoir va négocier avec Bruxelles, ou ce qu’on appelle désormais la Troïka, c’est-à-dire le FMI, la Banque centrale et la Commission européenne. Cela promet du sport, avec un match à rebondissements, d’autant que l’Espagne pourrait entrer dans le même scénario.
Je ne veux pas rentrer ici directement dans le débat qui met en cause le système économique libéral, avec l’énorme question de la dette, même si l’on observe que la Banque européenne change, en ce moment, de stratégie monétaire, alors que les choses paraissaient bloquées depuis des années, avec un veto inflexible de l’Allemagne contre toute évolution. Ce qui est parfaitement clair, c’est que les sacrifices demandés à la Grèce ont fait souffrir ce peuple dans des proportions souvent insupportables. Et ce sont évidemment les plus fragiles, les plus démunis qui ont eu à supporter ce qu’on appelle une politique d’austérité. Ce qui a d’abord été déstabilisé c’est le dispositif de la santé, avec l’impossibilité pour beaucoup de se soigner. Aurions-nous, en France, supporté la moitié de ces privations ? C’est pourquoi le retournement qui s’est produit à Athènes n’a rien de surprenant. On se demande même pourquoi il ne s’est pas produit plus tôt. On rétorquera que ce renversement peut déboucher sur l’aventure. Certes, mais il nous met en demeure de réfléchir intensément, au pied du mur !
