Sébastien de Courtois (les chrétiens d'Irak en péril) - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Sébastien de Courtois (les chrétiens d’Irak en péril)

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Sébastien de Courtois est l’avocat passionné et informé d’une belle cause. Il nous transmet ce matin un appel qui devrait secouer nos indifférences. Oui, les chrétiens peuvent fort bien disparaître du Proche-Orient, et la possibilité de leur disparition devrait être un drame de conscience pour nous. Le souvenir de l’Afrique du Nord constitue, de fait, un précédent historique massif. Nous pouvons nous rendre compte qu’une chrétienté extraordinairement vivante, qui nous a donné des génies comme Tertullien, Cyprien, et Augustin, peut un jour disparaître, corps et âme, ne laissant que quelques ruines archéologiques dans un espace qui, sinon, en aurait perdu jusqu’au souvenir matériel ! Oui, l’Histoire peut nous être cruelle. J’ai été frappé, ici-même, par le récit d’un prêtre venu d’Algérie, qui nous a parlé de l’exode d’une autre chrétienté d’Afrique du Nord. Celle-là, nous l’avions presque oubliée. Son exil ne date pourtant que de 1962. Mais notre perception de ce qu’on appelait « les événements », il y a un demi-siècle, est marquée d’une étrange amnésie. Nous avons complètement oublié que le peuple pied-noir était catholique et honorait Notre-Dame d’Afrique. Il faut parfois des anniversaires pour rappeler qu’Albert Camus, par exemple, avait consacré un mémoire universitaires à saint Augustin. Et aujourd’hui, l’Algérie, exclusivement musulmane, essaie de définir ses rapports culturels aussi bien avec Augustin qu’avec Camus!

Mais revenons à nos chrétiens d’Orient. Depuis l’enfance, cette expression m’est familière. A la maison, nous recevions le bulletin de l’Œuvre d’Orient et, tout enfant, j’étais intrigué par cette petite revue, et l’intérêt que lui portait mon père. J’ai donc su très tôt l’existence de ces chrétiens à l’autre bout de la Méditerranée et leur importance singulière. Leur présence dans ces pays à la population largement musulmane était bénéfique. Toute une élite intellectuelle avait été formée dans les écoles tenues par les congrégations religieuses et elle était profondément reconnaissante de ce qu’elle y avait reçue. C’est donc que l’on pouvait témoigner de sa foi au Christ en respectant celle des autres.

Mais si, heureusement, cette présence chrétienne continue dans plusieurs pays du Proche-Orient, le départ des chrétientés locales est un véritable drame. Sébastien de Courtois nous l’explique et nous le montre, parce qu’il connaît, d’année en année, de mieux en mieux le terrain et surtout ces chrétiens-là. Bien sûr, nous sommes heureux de les accueillir quand il arrivent chez nous. Ces le cas à Sarcelles. Le cardinal Lustiger m’avait confié l’émotion qui était la sienne en consacrant une belle église dans cette ville, destinée à la communauté assyro-chaldéenne. Et il me faisait l’éloge de sa fidélité et de sa ferveur. Comment ne pas prendre conscience, en même temps, que pour ces frères chrétiens, il s’agit d’un exil, et que leur départ d’Irak constitue une blessure pour eux, pour nous-même, mais aussi pour le pays qu’ils ont quitté. L’Irak, comme tous les pays qui sont en train de perdre leurs chrétiens – après avoir perdu leurs juifs – sont des nations mutilées d’une part d’elles-mêmes. D’une très belle part. Non, il n’est pas possible de faire notre deuil de cet exil et de cette blessure. Les chrétiens d’Orient doivent vivre !