Se souvenir de la Saint-Barthélémy ? - France Catholique
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Se souvenir de la Saint-Barthélémy ?

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Mon attention a été retenue dans le numéro de La Croix, par une contribution du philosophe protestant Olivier Abel, à propos de l’anniversaire du massacre de la Saint-Barthélémy. C’est en effet le 24 août 1572, il y a donc 450 ans, que fut perpétré cet épouvantable massacre de protestants par des catholiques dans le contexte de ce qu’on appelle « les guerres de religion ». Il conviendrait, sur l’événement en lui-même, de se rapporter aux historiens qui rendent compte avec le plus d’exactitude possible, de toutes les données de la situation de la France de cette époque.

Longtemps on a donné la responsabilité du massacre au roi Charles IX et à sa mère Catherine de Médicis, on est beaucoup moins affirmatif aujourd’hui. Mais il n’y a pas seulement les données historiques, il y a aussi les orientations de la mémoire avec leurs conséquences. Là-dessus, Olivier Abel répercute avec pertinence les leçons de son maître Paul Ricœur qui avait su faire le partage entre l’exigence de vérité et les dangers de ce qu’on appelle l’hypermnésie, c’est-à-dire l’excès mémoriel qui conduit à la perpétuation des rancunes et des haines. Oui, les amnisties sont nécessaires. Elles ne signifient pas amnésie : « Il y a un temps pour arrêter le malheur, ne pas le répéter et tout faire pour se réinstaller dans une cohabitation, même fragile. »

Il y aurait lieu d’approfondir l’analyse, parce que la Shoah et le Goulag constituent des situations dont le caractère d’horreur absolue conduisent à une métanoïa radicale. Mais l’intervention d’Olivier Abel pose d’autres problèmes lorsqu’il tente d’interroger le temps présent et ses défis. La question de l’immigration et de l’intégration se repose alors avec insistance. Est-il vrai que nous fabriquons des étrangers avec nos propres enfants au risque de violences futures ? Il faudrait s’en expliquer soigneusement avant de se risquer à d’autres conflits internes.