CITE DU VATICAN, 25 SEP 2011 (VIS). A 17 h, dans la salle de concert de Fribourg, le Saint-Père a rencontré les représentants des associations catholiques engagées. Après les avoir remercié de leur service et de leur témoignage chrétiens, des taches « qui ne sont pas toujours faciles dans le contexte actuel », il leur a dit que « nous assistons, depuis des décennies à une diminution de la pratique religieuse et constatons un détachement croissant de la vie de l’Eglise d’une bonne partie de baptisés. La question est alors posée: l’Eglise ne devrait-elle pas peut-être changer? ». Le Saint-Père a souligné qu’Eglise n’est pas synonyme de hiérarchie, le Pape et les évêques. C’est nous tous, les baptisés, qui sommes l’Eglise… Oui, il y a un motif de changement. Il y a un besoin de changement. Chaque chrétien et la communauté des croyants sont appelés à une continuelle conversion… En ce qui concerne l’Eglise, la raison fondamentale du changement est la mission apostolique des disciples et de l’Eglise elle-même… En fait, l’Eglise doit vérifier constamment sa fidélité à cette mission », dont le mandat comprend trois aspects: être témoins, faire partout des disciples et proclamer l’Evangile. Cette mission dérive « du mystère de Dieu un et trine, du mystère de son amour créateur ». L’Eglise « n’a aucune autonomie devant celui qui l’a fondée. Elle trouve son sens exclusivement dans l’engagement d’être instrument de la rédemption, de faire connaître au monde la Parole de Dieu et de transformer le monde en l’introduisant dans une union d’amour avec Dieu ».
Cependant, tout au long de l’histoire de l’Eglise, a-t-il ajouté, s’est aussi manifestée « une tendance contraire, celle d’une Eglise qui s’accommode de ce monde, qui devient autosuffisante et qui s’adapte aux critères du monde. Elle donne ainsi une plus grande importance à l’organisation et à l’institutionnalisation qu’à son devoir d’ouverture au monde. Pour répondre à son vrai devoir, l’Eglise doit toujours faire l’effort de se détacher de la mondanité qui l’entoure… D’une certaine façon, l’histoire vient aider l’Eglise à travers les différentes époques de sécularisation qui ont contribué de façon essentielle à sa purification et sa réforme intérieure. En effet, les sécularisations, qu’il s’agisse de l’expropriation des biens de l’Eglise ou la suppression de privilèges ou assimilés, ont signifié, chaque fois, une profonde libération de l’Eglise des formes de mondanité: elle se dépouillait, pour ainsi dire, de sa richesse terrestre pour revenir embrasser pleinement sa pauvreté terrestre ». En se détachant de ses liens matériels, « son action missionnaire redevenait crédible ». Puis Benoît XVI a rappelé que les exemples historiques montrent qu’une Eglise détachée du monde peut donner un témoignage missionnaire plus clair. « Libérée de sa charge matérielle et politique, l’Eglise peut mieux et de façon vraiment chrétienne, se consacrer au monde entier et s’ouvrir au monde ».
Pour le Pape, « il ne s’agit pas ici de trouver une nouvelle tactique pour relancer l’Eglise. Il s’agit plutôt de déposer tout ce qui est seulement tactique et de chercher à être vraiment sincère sans négliger ni réprimer aucun aspect de la vérité d’aujourd’hui, et de réaliser pleinement la foi…en éliminant d’elle tout ce qui n’est foi qu’en apparence, mais en vérité n’est que conventions et habitudes. Pour le dire en d’autres termes, la foi chrétienne est toujours un scandale pour l’homme et pas seulement aujourd’hui… Ce scandale qui ne peut être aboli sans abolir le christianisme, a malheureusement été jeté dans l’ombre récemment par les autres scandales douloureux des annonciateurs de la foi. Une situation dangereuse est créée quand ces scandales…cachent la véritable exigence chrétienne derrière l’inadéquation de ses messagers… Il y a une autre raison pour affirmer de nouveau qu’il est temps d’ôter courageusement ce qu’il y a de mondain dans l’Eglise… Une Eglise allégée des éléments mondains est capable de communiquer aux hommes…cette force vitale particulière de la foi chrétienne… Etre ouvert aux évènements du monde signifie donc pour l’Eglise détachée du monde, témoigner, selon l’Evangile, par des paroles et des actes ici et aujourd’hui, de la prédominance de l’amour de Dieu ».
PV-ALLEMAGNE VIS 20110926 (670)