Se convertir, mais jusqu'où ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Se convertir, mais jusqu’où ?

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L’histoire dramatique de la conversion de Saint Paul nous laisserait entendre qu’une conversion serait instantanée et tout d’une pièce. Etrangement, des chrétiens de naissance ont également une compréhension déformée de la conversion, la considérant comme quelque chose qui n’arrive qu’aux autres. Peut-être que, en dépit des apparences, les chrétiens de naissance ont déjà touché au but ?

Toucher au but, c’est une notion qui porte vraiment à confusion dans le contexte de la conversion. Mis à part quelques rares cas comme saint Paul, nous commençons tous un chemin de conversion – y compris les catholiques de naissance. Comme certains théologiens l’ont déclaré, au niveau naturel, nous sommes entraînés par la loi naturelle à rechercher la vraie religion, à l’embrasser une fois que nous l’avons trouvée, et à conformer nos vies à ses principes et à ses préceptes. En résumé, voilà ce qu’est la conversion.

Au plan surnaturel, il y a la grâce de Dieu. Elle initie et soutient le processus qui « ne doit pas être réduit à des conventions extérieures ou à de vagues intentions, mais qui engage et transforme l’entière existence de la personne, en commençant par ce qui est en son centre, la conscience. » (le pape François) Et a travers cette expérience, poursuit le pape, nous « nous rappelons que nous ne sommes que des créatures, que nous ne sommes pas Dieu. » Mais nous avons besoin de Dieu.

Ensuite il y a l’Eglise : « c’est son devoir d’annoncer et d’enseigner avec autorité cette vérité, qui est le Christ Lui-même, et également d’annoncer avec force et autorité les principes de l’ordre moral qui ont leur origine dans la nature humaine elle-même. » (Vatican II) Donc, parmi d’autres choses, l’Eglise confronte les gens à la vérité de la nature et à la vérité du Christ.

Maintenant, analysons quelques bizarreries que des catholiques bidouillent au rayon conversion. D’abord, il y a le cas classique des catholiques qui « prient à genoux le dimanche et mettent leurs voisins à genoux le reste de la semaine ».

Oh, ils se sont convertis, mais seulement jusqu’au point de convertir une partie de leur temps pour participer à l’Eucharistie. Cependant, en ce qui concerne le reste, ils sous-paient leurs ouvriers, ou leur imposent trop d’heures de travail, ou pratiquent des tarifs prohibitifs. Une conversion plus complète implique qu’ils apprennent à suivre les principes de la justice sociale catholique, abandonnant une part de la culture habituelle et des pratiques de leur classe sociale. Peut-être doivent-ils quitter complètement ce milieu pour parfaire leur conversion.

Deuxièmement, un engagement commun en Occident : je me convertis dans les limites permises par mon parti politique. J’ai décidé que l’autorité du parti prime sur l’autorité de ma religion. C’est, à parler franchement, une résurgence de la notion païenne de divinité de l’Etat. Donc, si, arrivé au pouvoir, le parti finance l’avortement, je suis d’accord. S’il finance la récupération des organes des bébés, je suis d’accord aussi. Et ainsi de suite. La conversion ne consiste pas à suivre l’esprit de l’Eglise ; le parti est le nouveau dépositaire de la vérité.

Aux Etats-Unis, beaucoup de catholiques semblent afficher quelque chose que je ne peux appeler autrement que le dégoût de soi. Ils affirment être catholiques, et ils soutiennent pourtant un parti qui sape activement l’Eglise. Voilà le problème : si l’enseignement de l’Eglise est tenu pour faux, où est l’acte individuel de foi, crucial dans une conversion ? La vraie foi a un contenu basé sur la révélation. Nier ce contenu signifie ne pas avoir la foi, du moins pas dans le sens où la communauté catholique l’entend.

Une autre conséquence fâcheuse est que, l’anthropologie chrétienne étant vraie, elle est la vision du monde inégalable qui est optimale pour chacun. Cela place le parti en-dessous de Dieu. C’est là que la conversion agit, conduisant les convertis à endosser la mission de l’Eglise vis-à-vis du monde.

Malgré cela, des diocèses recrutent des équipes ayant la même attitude contradictoire. Des ordres religieux sont dans le même bateau. La majorité de leurs membres votent dans ce sens. Les établissements d’enseignement catholique et les paroisses font de même. Pourquoi les catholiques, individuellement et collectivement se tirent-ils une balle dans le pied de la sorte ?

Le problème est que, sous les lois des Etats-Unis, quand on vote, on vote en bloc, on ne peut pas même retirer ce qui est un chèque en blanc pour des politiques de mort. Malgré cela, beaucoup d’individus proclament être pro-vie. Mais cette proclamation n’a aucun effet sur la vie de la nation. C’est juste un vœu pieux, vide de conséquence.

Le processus de conversion spirituelle commence quand on décide qui on servira. Nous avons récemment lu à la messe que Dieu a eu à réprimander même le roi David, alors au sommet de sa puissance : « tu m’as dédaigné. » (II Samuel 12:10) C’était inouï. Le roi consacré par l’onction, David, avait très mal placé ses priorités et du coup, il avait commis des crimes abominables. Ce faisant, il a osé dédaigner Dieu. Apparemment, le roi était supposé s’en remettre à la moralité exigée par Dieu et non l’inverse.

Le processus de conversion a de vastes conséquences, à la fois pour les individus coopérant avec la grâce et pour les communautés, qui prospèrent selon le degré de foi des convertis qui les composent.

L’inverse est également vrai. Il y a des candidats à la conversion ?

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Le père Bevil Bramwell, OMI, est l’ancien doyen de l’université catholique de Distance.

Illustration : elle ne suit pas le processus classique : « la conversion de Saint Paul », par Luca Giordano, 1690 [musée des Beaux-Arts de Nancy]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/07/17/conversion-how-far-does-it-go/