Bien des familles catholiques avaient espéré que le synode sur la famille résoudrait le sérieux problème de l’épidémie de divorces et des dommages à long terme qu’ils font à la jeunesse, aux conjoints innocents, au sacrement de mariage, à la culture et à l’Eglise. La peste qu’est le divorce a infligé de profondes blessures aux familles catholiques du monde entier. Les couples mariés ont besoin d’être encouragés par l’Eglise pour ne pas laisser tomber leur mariage pendant les périodes de stress et de souffrance, et pour persévérer loyalement dans leurs engagements conjugaux.
Les conflits qui amènent à la décision de divorcer, souvent, ne sont pas de nature très graves. Par exemple, Une génération en danger : grandir à une époque de bouleversement de la famille, une étude majeure de 15 années de recherche sur les mariages et les enfants, a révélé qu’il y avait moins d’un tiers des divorces qui impliquaient des mariages très conflictuels.
En quarante ans, je n’ai jamais travaillé sur un mariage catholique ou les deux époux voulaient divorcer. Dans la majorité des mariages sous stress, l’un des époux demeure satisfait de son mariage, croit que les conflits peuvent être résolus, et demeure loyal envers le lien du sacrement.
Les époux qui ne sont pas heureux et qui veulent poursuivre dans la démarche de divorce et la décision de nullité, le plus souvent refusent d’envisager leurs propres faiblesses. Au contraire, ils se décrivent comme victimes de traitements indélicats et de sévices émotionnels.
La réalité psychologique est que chaque époux apporte dans le mariage ses dons particuliers, mais aussi ses faiblesses psychologiques, qui sont le plus souvent profondément enfouies dans l’inconscient.
Les faiblesses qu’on apporte le plus souvent dans le mariage peuvent être le résultat d’un manque de sécurité affective qu’on a pu éprouver dans la relation avec un de ses parents, le plus souvent avec son père ; l’égoïsme, décrit par de nombreux papes comme « l’ennemi » principal de l’amour conjugal ; un manque profond de confiance ; un comportement de distance émotionnelle dû à une solitude conjugale ; la prise de pouvoir, des comportements irrespectueux issus de blessures non résolues venant d’un parent ; l’incapacité à maîtriser sa colère en pardonnant chaque jour davantage ; de la colère mal orientée car elle est destinée à un parent ou à quelqu’un d’autre ; le manque de confiance ; une anxiété excessive associée à de l’irritabilité ; une tristesse/solitude congénitale que l’amour conjugal ne peut guérir ; la modélisation à la suite d’une grande faiblesse parentale ; l’incapacité pour un enfant d’alcoolique devenu adulte, ou une personne pleine de colère et de défiance face au divorce de ses parents, de comprendre le mariage catholique et le soutien qu’il trouve dans l’amour et la grâce du Seigneur.
La majorité des époux qui vont jusqu’au divorce – selon notre expérience avec des milliers de couples – n’ont jamais travaillé ces sujets. Cela explique en partie pourquoi l’enquête nationale sur les hommes et les femmes divorcés, réalisée par le bureau de recherche et d’enquête de l’université du Texas à Austin, a trouvé honnête de répondre que seul un couple divorcé sur trois déclarait que les deux ex conjoints avaient fait un travail suffisant pour essayer de sauver leur mariage.
Il y a des raisons d’être confiant pour résoudre les difficultés conjugales. Dans une étude importante de l’université de Chicago parmi les époux qui classaient leur mariage comme très malheureux, 86 pour cent de ceux qui persévéraient se disaient heureux dans leurs mariages cinq ans plus tard.
Un grave danger pour les mariages catholiques et leurs familles, dans les changements de la loi canonique qu’a faits le Saint Père (sans étude rigoureuse par une commission d’experts) c’est que les époux ne seront pas motivés à s’engager dans le dur travail de considérer leurs faiblesses personnelles, psychologiques et spirituelles. A la place, ils iront jusqu’au divorce et seront convaincus qu’ils ont droit à une décision de nullité s’ils relèvent des critères cités, y compris le nouveau : « et cetera ».
Avec tout le respect qu’on leur doit, la déclaration de nullité par un seul prêtre ou évêque après 30 à 45 jours de travail, comporte de sérieux défauts car il leur manquera le sain entraînement intellectuel qui convient pour découvrir et évaluer les nombreux conflits psychologiques complexes qui mènent à une décision de divorce. Ce nouveau processus est une grave injustice et, du coup, manifeste un grand manque de miséricorde vis-à-vis du sacrement de mariage, des époux innocents, des enfants et des familles catholiques.
Dans son discours final, au synode, le Saint-Père a critiqué les évêques et les prêtres qui prétendaient se cacher derrière des doctrines rigides et ignorer les familles blessées. En fait, le changement radical de la loi canonique en ce qui concerne les annulations, qu’il avait décidé avant le synode, affaiblira et abîmera les mariages et les familles catholiques.
Espérons que la sagesse de Saint Jean Paul II sera redécouverte comme un moyen de fortifier les mariages et les familles catholiques, et mènera à une révision de la loi canonique actuelle. Il écrivait : « Chaque fois qu’un couple traverse des difficultés, la sympathie des pasteurs et des autres fidèles doit se combiner avec le rappel clair et ferme que l’amour conjugal est le moyen de trouver une solution positive à la crise. Etant donné que Dieu les a unis par le moyen d’un lien indissoluble, le mari et la femme, en utilisant toutes leurs ressources humaines, avec bonne volonté, et par-dessus tout, en mettant leur confiance dans l’aide de la grâce divine, peuvent et devraient émerger de leurs moments de crise. »
2 novembre 2015
Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/11/09/psychological-science-and-the-evaluation-of-nullity/
Photo : Le pape François marie 20 couples à Saint-Pierre.