La presse italienne est beaucoup plus friande que la presse française des petites nouvelles, éventuellement des ragots en provenance de la cité du Vatican. Comment pourrait-il en être autrement alors que cette enclave romaine fait partie intégrante de l’identité italienne ? De plus, en dépit d’une réelle internationalisation de la curie, cette dernière demeure largement italienne dans ses dirigeants et ses fonctionnaires. En ce moment, des documents internes au Vatican, à propos de sa gestion, sont divulgués dans les journaux. Ils sont particulièrement vindicatifs à l’égard du cardinal Bertone, secrétaire d’État du Saint Siège, et donc le premier collaborateur du pape. Il semble bien qu’on ait affaire à une querelle entre cardinaux italiens. Cela fait d’évidence désordre. Et le pape n’a pas manqué lors du consistoire, qui a eu lieu samedi, de faire des mises au point opportunes sur la nature du pouvoir dans l’Église, qui ne peut être qu’un service au sens évangélique du terme.
Bernanos, dans le texte magnifique qu’il a écrit sur Jeanne d’Arc « relapse et sainte », soulignait le contraste qu’il y avait entre le scandale de la conduite de certains et la haute mission de l’Église. La condamnation de Jeanne à mort comme relapse n’émanait-elle pas d’un tribunal ecclésiastique ? Il faudra d’ailleurs un autre tribunal ecclésiastique pour casser le jugement infamant de Rouen. L’écrivain affirmait très fort qu’en dépit du scandale, « notre Église est l’Église des saints » et qu’elle le restera à jamais en dépit de toutes les vilenies qui la défigurent. Le scandale romain actuel n’a pas la portée de la condamnation de Jeanne. Il n’en manifeste pas moins l’humanité faillible des membres de l’Église, éventuellement de ses dirigeants.
Cette faillibilité peut-elle être surmontée ? C’est la conviction de Benoît XVI qui a rappelé aux cardinaux les leçons de l’Évangile en matière d’autorité et de pouvoir : « L’unique modèle, a-t-il souligné, est celui du Christ qui reçoit le pouvoir et la gloire uniquement en tant que serviteur ». L’humilité est donc la clé de tout. Elle ne signifie nullement l’abdication de l’autorité, qui dans le grec de Matthieu et de Marc se traduit par exousia. Mais l’exousia a ses exigences, rappelées par le pape qui ont toujours à être intériorisées et vécues jusqu’au plus haut sommet de la hiérarchie.