Saint Thomas d’Aquin doit se retourner dans sa tombe. Lui dont on vient exceptionnellement d’exposer la relique du crâne, à l’occasion de son triple jubilé (2023-2025), avait magnifiquement articulé les rapports entre la foi et la raison, la nature et la grâce. Mais désormais, après des siècles d’exaltation de la seule rationalité scientifique, ce phare de la pensée occidentale voit son héritage achevé d’être dilapidé par un nouvel obscurantisme : le wokisme, qui nie, notamment, la différence des sexes et la biologie, en idolâtrant la sexualité – « Relativisez l’absolu, et vous absolutisez le relatif » disait C. S. Lewis. Avec de telles outrances dans la démesure que même un journal comme L’Express s’en est inquiété récemment…
Et n’allons pas croire que cette perversion ne concerne que les intellectuels ! Lointain prolongement du projet révolutionnaire qui voulait abroger toute tradition et filiation politique, religieuse, et maintenant biologique – « le bonheur est une idée neuve en Europe » décrétait Saint-Just –, elle gagne à présent les facultés de médecine et de biologie, et surtout l’école (cf. p. 10 à 17), et se répand comme une traînée de poudre au sein d’une jeunesse en mal de repères. Selon un sondage IFOP de 2020, 48 % des lycéens déclarent ainsi ne pas se reconnaître dans les catégories homme/femme.
Ne pas désespérer
Face à ce rouleau compresseur, que faire ? D’abord, surtout ne pas désespérer ou se décourager : « Garde-toi de t’attrister des événements contraires du siècle, car tu ne sais pas le bien que Dieu veut en tirer », prévenait saint Jean de la Croix. Ensuite, insister à temps et à contretemps auprès des parents et des professeurs, y compris dans l’enseignement catholique, et également auprès des élus, pour espérer un jour une indispensable réaction politique, ferme et sensée.
Mais cela ne suffira pas à convertir les cœurs en profondeur. « Nous n’aurons plus le choix qu’entre l’artificiel et le divin », prophétisait déjà Gustave Thibon en 1943. Il avait entrevu l’effondrement de tous les cadres naturels – famille, mariage, sexualité, etc. –, désormais modifiables à l’infini par le biais des techniques de reproduction. Le transhumanisme n’était pas loin…
Dans l’esprit du philosophe, aucun défaitisme cependant : ce danger appelait en réaction à une renaissance possible, sous la forme d’une « effusion plus profonde de la grâce ». Elle seule pourrait en effet sauver une nature certes affaiblie par le péché, mais pas totalement corrompue, comme l’a montré saint Thomas d’Aquin. La confiance en la nature humaine est encore possible…
Soutien spirituel
Mais Dieu ne nous sauvera pas sans nous. C’est pourquoi le soutien spirituel à la jeunesse est essentiel pour obtenir cette grâce divine, comme le prône discrètement depuis 30 ans l’œuvre Mater Amoris – « la mère de l’Amour » – pour la conversion des jeunes par l’intercession de la Vierge Marie. Convaincue, comme l’affirme son bulletin mensuel, que la prière permet de « souffler sur les braises pour ranimer le feu » de la foi et du sens moral dans le cœur des enfants.
Lorsque l’esprit et le corps se font la guerre, seul Dieu peut renouveler le cœur blessé de l’homme et le réunifier ; car Il m’est « plus intime que l’intime de moi-même », rappelle saint Augustin.