L’appel est pathétique et nous touche particulièrement nous autres Français. Il figurait hier dans Le Figaro : « Dans ma petite cellule sans fenêtres, les jours et les nuits se ressemblent, mais si je tiens encore debout c’est grâce à vous tous. Mon cœur se réchauffe lorsqu’Ashiq (son mari) me montre les photos des personnes que je ne connais pas qui boivent un verre d’eau en pensant à moi. » On aura reconnu Asia Bibi, cette chrétienne pakistanaise, condamnée à mort pour blasphème contre l’islam et qui a toujours protesté de son innocence. La condamnation remonte à novembre 2012. Au bout de quatre années très éprouvantes de détention, Asia espérait la décision de la Haute Cour de Lahore pour infirmer son jugement. Celui-ci a été, au contraire, confirmé, provoquant le désarroi de son mari, de sa famille et de tous ceux qui luttent depuis le début pour l’arracher à cette prison sinistre et obtenir qu’elle ne soit pas exécutée.
C’est la situation du Pakistan qui explique pareil déni de justice. Le mari d’Asia Bibi raconte que sa famille avait toujours vécu paisiblement dans son village, aux côtés de voisins musulmans. Mais le climat a brusquement changé, à cause de quelques personnes adeptes d’une religion dure et intolérante. C’est l’équilibre politique du pays qui est en cause, avec la difficulté de maintenir la cohabitation avec les minorités religieuses. Un ministre a été tué pour cela, ne l’oublions pas. Il reste deux recours pour qu’Asia Bibi échappe à la pendaison, celui de la Cour suprême du Pakistan et celui du président qui pourrait exercer son droit de grâce.
Seule la pression internationale est en mesure d’agir efficacement pour mettre en évidence l’iniquité du sort fait à cette humble chrétienne. Il convient de féliciter, à ce propos, Anne Hidalgo maire de Paris, qui a pris vigoureusement position pour elle, en proposant même d’accueillir la proscrite dans sa ville. C’est une initiative à laquelle il convient d’ajouter toutes nos protestations et nos signes de solidarité, pour qu’enfin Asia Bibi recouvre, avec la liberté, son mari et ses enfants et obtienne la reconnaissance de l’injustice qu’elle a subie.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 novembre 2014.
