Le 19 janvier dernier, le Pape Benoît XVI a décrit l’essence du modèle américain et l’agitation du moment politique que nous vivons : « Au cœur de chaque culture, réside un consensus, conscient ou inconscient, sur la nature de la réalité et du bien commun, et par conséquent de l’épanouissement de l’homme. En Amérique, ce consensus, tel que consacré par les textes fondateurs de votre nation, était enraciné dans une vision du monde façonnée par la foi et par un engagement envers certains principes éthiques dérivés de la nature et du Dieu de nature. Ce consensus s’est aujourd’hui érodé de façon substantielle face aux nouveaux et puissants courants culturels non seulement opposés directement à la doctrine morale de la tradition judéo-chrétienne mais de plus en plus hostiles au Christianisme en tant que tel. »
Ces nouveaux courants culturels hostiles au christianisme, actifs sous différentes formes depuis des décennies, se sont cristallisés ces dernières semaines autour du Bureau Ovale (ndr : le bureau du président des Etats-Unis à la Maison Blanche), qui est à l’origine de l’une des attaques les plus haineuses, de mémoire récente, contre la liberté religieuse en général, et en particulier les pratiques religieuses chrétiennes.
Le défi délibéré lancé par le président Obama à la liberté religieuse constitutionnellement garantie s’ajoute à ses politiques sur l’avortement et le mariage comme autant d’efforts pour contraindre la tradition judéo-chrétienne à rentrer dans les limites des édifices du culte, hors de la vue du public et coupée de la politique.
L’emploi et le redressement économique sont certes très importants. Cependant, le bilan de la présidence Obama se jouera sur l’usage qu’il a fait de ses pouvoirs pour faire avancer un projet de société contraire au consensus multiséculaire autour des principes éthiques dérivés de la nature et du Dieu de nature. L’enjeu des élections de 2012 est rien de moins que la vision américaine de la réalité et du bien commun.
Discuter de cette vision n’est pas une perspective conseillée par les consultants politiques ni qui excite les électeurs. Les questions de société, nous dit-on, divisent et conduisent à la guerre culturelle. Au bout du compte, la plupart des gens jouent la carte du relativisme – ce qui est vrai pour toi ne l’est pas pour moi – qui est souvent plus confortable que de commencer à se taper dessus entre collègues ou voisins.
Ce sont pourtant ces enjeux de société qui façonnent l’Amérique, ses idéaux et sa convivialité : ce que nos enfants apprennent à l’école, ce qui est admis dans le travail et la récréation, la manière dont nous traitons le prochain, ce que nous révérons. Tant de choses de ce genre sont en jeu dans la prochaine élection que le peuple américain a vraiment besoin d’en débattre ouvertement : Qu’est qu’américain veut dire ?
Des quatre candidats républicains encore en course, Rick Santorum est celui qui possède la plus grande capacité à conduire une discussion sur ce terrain du consensus fondateur de l’Amérique. Dans son action politique, il a combattu vaillamment pour les causes pro-vie. Dans sa vie privée, il s’est sacrifié héroïquement avec sa famille pour que l’être le plus vulnérable et le plus malade puisse bénéficier du droit à la vie.
C’est un homme de religion qui fonde ses actes politiques dans sa foi et la tradition morale judéo-chrétienne au lieu d’aller à leur encontre. Il a constamment défendu la famille et le mariage traditionnel même quand ses adversaires refusaient de s’engager dans un débat rationnel.
Le projet de société anti-religieux du président Obama doit être contré – et Santorum peut l’arrêter. Contrairement à ses rivaux pour l’investiture républicaine, Santorum ne s’est pas contenté de parler de ces questions relatives à la vie et à la liberté ; il a agi. Les favoris du projet présidentiel dans les média l’ont instinctivement compris. Leur réaction hystérique à Santorum vaut consécration de son statut de challenger principal.
Les violentes attaques des intellectuels contre Santorum sont la preuve que l’Amérique contemporaine n’est peut-être pas assez courtoise pour discuter (sereinement) de son identité et de son avenir. Or c’est le président Obama qui a contraint le débat national à se situer sur ce plan avec cette instruction impitoyable relative à la couverture-santé que les employeurs catholiques seraient obligés de payer pour des pratiques qui sont contraires à la doctrine de l’Eglise.
Il n’est pas seulement ici question de contraception : Obama veut exclure l’Eglise du secteur de la santé qu’il entend étatiser. S’il est élu à un second mandat, il risque de s’en prendre à la compétence des Eglises de célébrer des mariages laquelle serait réservée aux autorités civiles, la distinction de genre n’ayant plus cours.
La vie et la carrière politique de Santorum expriment ce que George Washington, Alexis de Tocqueville et Benoît XVI ont clairement défini, à savoir que le caractère et la respect de l’Amérique – et sa grandeur comme nation – reposent sur le sentiment religieux de ses citoyens et l’engagement envers la morale judéo-chrétienne.
Face à l’affront infligé par le président Obama à la liberté religieuse, Santorum recentre la campagne autour des idéaux qui sont les plus décisifs pour notre avenir.
Certes, l’élection ne sera pas seulement décidée par les questions de société. Les positions de Santorum sur l’économie, la politique, les affaires étrangères, bénéficient d’un écho favorable dans l’opinion. Les médias sont « surpris » par ses gains dans les primaires. Les questions de société demeurent néanmoins la plus grande faiblesse du président et le plus grand atout de Santorum.
Santorum n’a nul besoin de se justifier de ses prises de position passées…
C’est le président par ses politiques et ses actions, qui s’est placé à l’extérieur du consensus américain majoritaire et de la tradition, pas Santorum.
La présidence Obama suit un chemin qui s’écarte de nos principes fondateurs. La candidature Santorum s’y oppose et offre un espoir de préservation pour les générations futures des principes éthiques dérivés de la nature et du Dieu de nature.
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/santorum-vs-obama-the-debate-america-needs.html
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Photo : Rick Santorum et sa fille Bella.