Sale climat - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Sale climat

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Nous avons vécu ces derniers jours dans un mauvais climat. Disons le mot : un sale climat. La France n’était pas seule touchée, puisque la contagion s’étendait presque au monde entier, à la suite d’une provocation venue des États-Unis, avec un film amateur contre l’islam, insupportable à l’opinion musulmane. Les manifestations se sont multipliées un peu partout. Elles ont été interdites chez nous. Il y a eu aussi la provocation de Charlie Hebdo, dont on a redouté qu’elle n’entraine des dégâts supplémentaires. Si je parle de sale climat, c’est à cause de cette tonalité psychologique désastreuse qui empêche de parler sereinement ou d’envisager pacifiquement les problèmes de coexistence entre les civilisations, les cultures et les religions. C’est à croire qu’on ne peut échapper au diagnostic de Samuel Huntington, extrêmement pessimiste, qui annonçait en 1996 un choc inéluctable.

Autre élément de crainte et qui contribue au même climat. Le 16 septembre dernier, les mollahs iraniens annonçaient qu’ils ajoutaient 500 000 dollars à la prime qui récompenserait l’éventuel assassinat de l’écrivain Salman Rushdie. On aurait pu penser que cette affaire finirait par s’estomper et qu’on laisserait enfin en paix un homme pourchassé à cause d’un roman jugé blasphématoire, publié en 1988, Les versets sataniques. Objet d’une fatwa proféré par la bouche même de l’ayatollah Khomeiny, Rushdie a été obligé de se cacher pour éviter des balles nullement imaginaires. On a oublié que son traducteur japonais avait été assassiné et que son traducteur italien avait été atteint de trois balles dans le dos. Non ce n’est pas un affaire terminée. L’écrivain publie d’ailleurs une sorte de livre de mémoires, où il raconte en détail son terrible périple de proscrit1. On conçoit qu’il soit amer à l’égard de ce qu’il dénonce comme « un régression de l’islam ».

Je suis témoin, pour cette chronique même, qu’à évoquer ce sujet on déchaine les passions. Il serait d’ailleurs irresponsable de vouloir, à son endroit, faire preuve d’un irénisme qui ne tromperait personne. Mais tout de même, dans un pays comme le nôtre, ne serait-il pas possible de sortir de ce sale climat pour vraiment se parler ? C’est la leçon que j’ai retenue du récent voyage de Benoît XVI à Beyrouth. Oui, tout faire pour s’en sortir…

  1. Salman Rushdie, Joseph Anton. Une autobiographie. Plon.