Saint-Suaire : « Science et Avenir », l’obstination à ne rien comprendre - France Catholique
Edit Template
Funérailles catholiques : un temps de conversion
Edit Template

Saint-Suaire : « Science et Avenir », l’obstination à ne rien comprendre

Copier le lien

Je reçois ce jour copie d’un nouvel article, quoique très ancien déjà, traitant de la « fausseté » du Linceul de Turin : ce qui chagrine l’esprit, c’est de se rendre compte que le rédacteur chargé de suivre cette question pour « Science et Avenir » n’a rien appris depuis 1988 : il est resté figé sur la datation d’alors par le carbone 14, n’a rien suivi des recherches entreprises sur cette discipline et pas plus tenu compte des découvertes parfois surprenantes à ce sujet ; n’a même pas entendu l’aveu du docteur Willard F. Libby, inventeur de la méthode de datation par le 14C, reconnaissant vers la fin des années 1990 que ce « procédé est inadapté au cas du Linceul » ; n’a même pas prêté la plus infime attention à ce qu’a dit le professeur Harry Gove 1 en l’an 2000, dans une vidéo qui a beaucoup tourné à travers les Etats-Unis et le reste du monde, affirmant humblement qu’il était devenu impossible de dater le Linceul tant que l’on ne saurait pas nettoyer la pollution bactérienne découverte par Léonço Garcia Valdès : « Les personnes qui ont réalisé les tests de datation n’étaient pas informées de la contamination bactérienne. En fait, je pense que personne ne l’était jusqu’à ce que Garcia Valdès ait découvert cela. D’ailleurs, même s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas su comment la nettoyer ».

L’argumentation de cet article laisse songeur : elle est d’une pauvreté sanglante. Ainsi, est-il affirmé que « Le tissu a été montré pour la première fois vers 1357 dans la collégiale de Lirey, dans l’Aube ». 2 Mais il se trouve qu’en 1150 un miniaturiste hongrois a commis des dessins en lesquels se découvrent quinze points de correspondance avec le Linceul qui est à Turin, ce que je signale évidemment dans mon livre. Il était alors à la Cour de l’Empereur de Constantinople… Une correspondance de plus que nécessaire pour être absolument certain qu’il s’agit du même document…
Il est suggéré à l’Église de recommencer la pantomime du British Museum de 1988 : pour quoi faire ? alors que la datation n’aurait même pas dû être poussée à son point ultime tant les deux pics aberrants qui faisaient bonne garde aux extrémités du graphique supposaient le report de l’exercice, ne serait-ce que parce qu’ils ne pouvaient que fortement troubler l’exactitude attendue.

Ce qui me paraît particulièrement consternant chez l’auteur, outre sa documentation famélique, c’est qu’il ne tient aucun compte de ce que nous savons. Par exemple, impossible de passer outre les empreintes des deux pièces de monnaie, l’une de l’an 29 et l’autre de l’an 30, pièces qui furent frappées sur l’ordre de Ponce Pilate et, en 33, déposées sur les yeux du mort, comme cela étaient coutumier chez les peuples de la Méditerranée orientale, coutume qui perdura jusque vers 125… Est-ce que le 14C aurait su mieux faire ? Qu’a-t-on besoin, à moins de nourrir des pensées quelque peu archaïques ou, pire, désagréables, de réclamer assez sottement ce travail inutile puisqu’il le ferait bien plus mal que les pièces en question ?

Sont allégués deux personnages certainement très honorables mais qui ont le défaut d’être juges et parties, ce qui oblige à ne pas tenir compte de leurs propos. Ainsi, le physicien étatsunien Thimothy Jull s’est invité à la barre afin de défendre sa revue « Radiocarbon », émanation de son laboratoire d’analyses dont les outils étaient inférieurs en possibilités à ceux par exemple d’Adler, qui balaya avec précision les propos de son compatriote. Mais sur Adler je suppose qu’il n’y a pas de fiche chez le documentariste de « Science et Avenir »… Il est vrai qu’Adler est un sindonologue de haut niveau mais cette espèce de scientifique a plutôt mauvaise réputation chez les amis de tout temps des responsables de S. et A., j’entends les Grands Maîtres du Grand Orient de France, farouches athées ennemis de toujours du Linceul.
On est bien obligé de se poser des questions sur les motifs idéologiques qui poussent les deux revues soutenues par le GOdF à sans cesse dire le faux en ce qui concerne ce document archéologique dont encore aujourd’hui il est toujours impossible de préciser le comment de l’empreinte, après une multitude de travaux impliquant 70 disciplines et dont aucune, à part le 14C, ne soutient l’inauthenticité, bien au contraire ; certes, aucune science particulière ne peut, de par elle-même, certifier une telle authenticité, mais il suffit de mettre bout-à-bout ces 69 pour créer une « chaîne statistique » d’une tout autre portée que cette datation, parfaitement contestable et donc contestée, si chère aux francs-maçons : auxquels nous ne demandons pas qu’ils se mettent à l’admirer, nous leur suggérons simplement d’être de bonne fois et surtout d’aller au plus avant dans l’étude de ce que montre et porte en lui-même ce document.

La thèse du Moyen-Âge est folle ou mensongère parce que l’on possède nombre de références issues des premiers siècles. Les lignes à ce sujet que je viens de lire dans « Science et Avenir » sont accablantes : jamais je n’aurait pensé que l’on pouvait écrire sur ce sujet sans le connaître vraiment, en reprenant en boucle les propos insidieux qui courent depuis 1988. Il faut même le dire sans plus de scrupules, « il y en a marre » ! La prétention qui fait se vautrer dans des arguments ridicules, des approximations sans fondement, il faut qu’elle cesse ! Le mépris affiché dans une telle revue, pour laquelle j’avais autrefois une confiance certaine, à l’encontre des centaines de sindonoloques impliqués dans l’étude de ce document, de vrais scientifiques ne leur en déplaise et dont les diplômes universitaires valent bien les leurs…, ce mépris est intolérable, scandaleux et ne reflète en rien le respect que l’on se doit d’homme à homme. Leurs travaux ne sont pas de simples copies-colées d’un journal à un autre, ils sont dignes d’être remarqués, respectés, loués et en eux-mêmes étudiés.

Si le pape François a décidé d’une nouvelle ostension, ce n’est pas, malgré l’insinuation qui en est faite, pour faire des sous, alimenter la cagnotte de la cathédrale de Turin, mais parce qu’il pense que les chrétiens ont le droit d’accéder à la contemplation d’un tel document, porteur d’une empreinte qui n’a pu être écrite « que » par le corps de Jésus mort. Hors, ce draps « enseigne » d’une façon extraordinaire, puissante : et tout ce qui est ainsi révélé sur la passion du Christ, personne n’aurait pu en connaître le détail. Au point qu’il nous faut réviser par exemple la façon dont Jésus fut pendu à la croix…

Il me faut conclure parce que sinon j’écrirais un nouveau livre : ce document est destiné à tous les êtres humains de bonne volonté. Qui n’en veut pas, qu’il l’oublie sans pour autant lui faire une guerre absurde et indigente.

Mon souhait : qu’il puisse aller faire un immense tour du monde en s’arrêtant partout où des chrétiens aimeraient être enfin admis à le contempler, eux qui sont si nombreux à ne pouvoir se rendre à Turin par manque de menue monnaie.

MédiaPart

http://blogs.mediapart.fr/blog/jeanpaulyveslegoff/220415/ostension-2015-du-saint-suaire-1

Paris Match

http://m.parismatch.com/Actu/International/Le-Saint-Suaire-presente-a-Turin-748526

http://www.parismatch.com/Actu/International/Le-saint-suaire-un-tissu-de-mensonges-748788

Ouest-France

http://www.ouest-france.fr/le-saint-suaire-attire-les-foules-turin-3347757

Le Figaro

http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2015/04/20/03015-20150420ARTFIG00111-le-saint-suaire-attend-un-million-de-visiteurs.php

Le Blogue d’Arnaud Upinsky

Lettre ouverte à S.S. le Pape François I

  1. Harry Gove est un carboniste réputé et l’inventeur de l’ASM (Accélérateur spectroscopique de masse ; en anglais AMS), appareil qui permet l’analyse par le 14C.
  2. Lire l’ouvrage important de Ian Wilson sur l’histoire du Linceul. Dans mon propre ouvrage, « Le Linceul de Jésus de Nazareth, cinquième évangile ? », j’ai abordé avec soin cette histoire captivante en un chapitre de plus de 80 grandes pages. Et cette histoire commence dès le « tombeau vide ». Les Grecs de l’Antiquité – donc bien avant 1357 ! – le nommaient « achéiropoyète », soit « non fait de main d’homme », les Edessois « tétradiplon », soit « plié en deux puis en quatre »…