Saint Paul, le conquérant du Christ - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Saint Paul, le conquérant du Christ

© Fred de Noyelle / GODONG

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Saint Paul devant les Athéniens, Paul Borel, église Saint-Paul, Lyon.
© Fred de Noyelle / GODONG

Saint Paul, le conquérant du Christ

Saint Paul est l’exemple du missionnaire infatigable : « apôtre des Nations », il a évangélisé les Gentils sans jamais céder au découragement, malgré les épreuves. Si la tâche qu’il a accomplie paraît surhumaine, c’est qu’il a puisé son énergie dans l’amour du Christ : il n’y aurait pas eu d’épopée paulinienne si le Seigneur ne l’avait pas choisi sur la route de Damas. Entretien avec Gérard Leclerc, auteur d'un livre sur le saint.
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Saint Paul a contribué à répandre l’Évangile dans un monde qui n’était pas chrétien. Qu’a-t-il à nous apprendre en 2023 ?

Gérard Leclerc : Les vingt siècles qui nous séparent de saint Paul nous situent dans un tout autre monde et une tout autre civilisation. Cependant, nous pouvons retenir de l’épopée de l’Apôtre des nations l’incroyable audace qui est la sienne pour affronter un monde complètement étranger au message du Christ. Certes, il s’appuiera sur les communautés juives qui résident dans les grandes cités du bassin méditerranéen. Mais je suis impressionné quand j’imagine Paul et Barnabé à Antioche, la troisième ville de l’empire romain, avec quelque 500 000 habitants. Le dessein de Paul, c’est de sortir du monde « clos » de Jérusalem et de la Palestine pour affronter le monde païen car, à Antioche, les dieux païens sont toujours honorés. C’est à une véritable révolution que Paul et Barnabé sont confrontés, avec un défi qui dépasse l’imagination.

Lorsque nous sommes un peu accablés face à la déchristianisation de l’Europe, autrefois évangélisée à la suite des apôtres, nous pouvons nous dire que la tâche est peut-être comparable à celle des initiateurs du christianisme. Le seul exemple de Paul invite à repousser tous les découragements.

Daniel-Rops a dit de saint Paul qu’il était le conquérant du Christ. Lui se présente comme un « avorton ». Quel homme était-ce ?

Le portrait qui se dessine à travers les Actes des apôtres et les Épîtres pauliniennes indique une personnalité de premier ordre, à la fois un homme d’action et ce qu’on appelle aujourd’hui un intellectuel. Et c’est parce qu’il était un intellectuel qu’il est en mesure d’annoncer son message, parce qu’il en a scruté toute la profondeur et son application. Quant à la notion d’avorton, je m’oppose à l’interprétation la plus courante. Je m’en suis expliqué dans mon essai (Saint Paul, Pygmalion, 1997), en revenant à l’étymologie du mot. Ektrauma, en grec, ne désigne pas un personnage malingre ou contrefait, à la limite de l’injure, mais « celui qui a été tiré aux fers ». Pour moi, cette nuance est capitale parce que Paul désigne ainsi la façon dont il a été choisi par Dieu, à l’encontre de lui-même. Contrairement à ce qu’a pu écrire Nietzsche, ce n’est pas à la suite d’un violent débat intérieur avec son identité juive qu’il se détermine, mais parce qu’il a été propulsé malgré lui hors du sein maternel – pour tout dire, de la synagogue, même si nous sommes aujourd’hui très méfiants à l’égard de ce qui peut ranimer l’antijudaïsme chez les chrétiens. Paul s’est toujours montré fier de ses origines juives, mais il a été amené à les dépasser pour diffuser la Bonne Nouvelle à la dimension de l’humanité tout entière.

Que peut-on dire du théologien qu’il était aussi ?

C’est le premier théologien de l’histoire du christianisme. Et d’une certaine façon, toutes les écoles théologiques qui le suivront se réclameront de lui, en prolongeant tous les axes de sa prédication. Il faut lui adjoindre Jean l’évangéliste et l’auteur de l’Apocalypse qui, lui aussi, est à l’origine de la doctrine chrétienne. Ce qui est étonnant dans le cas de l’auteur des Épîtres, c’est que tout soit apparu et se soit développé à partir de la Révélation du Christ ressuscité sur le chemin de Damas.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.