Saint Joseph, source cachée de la France - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Saint Joseph, source cachée de la France

© Guillaume de Germain

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Le sanctuaire Saint-Joseph du Bessillon à Cotignac.
© Guillaume de Germain

Saint Joseph, source cachée de la France

Saint Joseph est apparu au Bessillon dans le Haut-Var, juste à côté de Cotignac et de son sanctuaire marial, Notre-Dame-de-Grâces. Un lieu exceptionnel où l’époux de Marie a beaucoup à nous dire sur la vocation de la France. Reportage.
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Même au cœur de la Provence, saint Joseph se laisse chercher. Aucun panneau n’indique le sanctuaire du Bessillon, niché au milieu de chênes centenaires, au-dessus du village de Cotignac. Au bout de quelques kilomètres de route en terre, un petit parking, puis la modeste façade de l’église. Sur le flanc de l’édifice, la source, et saint Joseph portant l’Enfant-Jésus. Des dizaines de demandes d’intentions de prière, placées dans les interstices des pierres, entourent la statue de marbre blanc. Le lieu est empli d’un silence impressionnant. Et il est d’une telle discrétion que tout « respire » la personnalité de saint Joseph.

« Soulève ce rocher et tu boiras »

L’apparition, survenue en 1660 (cf. p. 18), est elle-même d’une incroyable simplicité. Gaspard Ricard, jeune berger accablé par la chaleur et assoiffé, voit soudain un homme d’une imposante stature qui lui dit en provençal : « Je suis Joseph. Soulève ce rocher et tu boiras. » Gaspard obéit, soulève le rocher et découvre une source à laquelle il s’abreuve. Par la suite, huit hommes arriveront à peine à bouger le rocher, déplacé tout seul par le jeune voyant. Très vite surviennent des miracles de guérison. L’apparition sera reconnue six mois plus tard par l’évêque de Fréjus.

Depuis, la source du Bessillon étanche la soif de nombreux pèlerins. Ghislaine et Patrice font chaque jour 40 minutes de voiture depuis Camps-la-Source, à côté de Brignoles, pour venir assister à la messe matinale. Tous deux saluent les fruits de la prière adressée au saint des lieux. Ghislaine pour ses enfants, Patrice pour sa vie d’homme, dans l’imitation de l’époux de Marie. « C’est un modèle pour notre temps où tous les repères, et donc les pères, sont bouleversés », confie Patrice.

Mais aucune âme rencontrée sur place ne s’interroge sur ce que la présence de saint Joseph au Bessillon peut nous dire sur la France, et sur sa vocation. Et pourtant… L’apparition de saint Joseph, après celle de la Vierge Marie, à trois kilomètres de là, sur le mont Verdaille, a de quoi interpeller !

Finesse du plan de Dieu pour la France

Le frère Hubert-Marie, de la communauté Saint-Jean, est le recteur du sanctuaire marial de Cotignac. Il souligne la finesse du plan de Dieu pour la France en reliant la double apparition. La Vierge Marie s’est montrée les 10 et 11 août 1519, à un bûcheron du nom de Jean de la Baume. Elle portait l’Enfant-Jésus et était accompagnée de saint Michel et de saint Bernard. « La mère de Dieu se montre en pleine Réforme protestante, et demande à être invoquée comme Notre-Dame-de-Grâces, médiatrice de toute grâce. »

De son côté, saint Joseph, en apparaissant au Bessillon 141 ans plus tard, en pleine querelle janséniste – qui tend à une certaine prédestination –, vient dire « que la sainteté est pour tous et non pour une élite. Il est le patron d’une sainteté ordinaire, en montrant le chemin de Cotignac où tout passe par Marie ».

La France doit défendre la famille

Mais saint Joseph est aussi le patron de la vie de famille. Ses vertus sont l’humilité, la chasteté et la fidélité. Pour le frère Hubert-Marie, « en ces temps où la famille est attaquée, saint Joseph rappelle à la France qu’elle doit défendre la famille, le mariage, la fécondité biologique et spirituelle. Et il est là pour nous aider : il est invoqué dans les litanies comme “la terreur des démons” ».

Le recteur de Cotignac insiste aussi sur le lieu de ressourcement unique au monde qu’est le site pour les familles : « Il y règne l’esprit de Nazareth. Jésus, Joseph et Marie ont aimé la vie de travail, de famille et de silence. »

De fait, l’histoire de notre pays est intimement mêlée à ces deux lieux. Le roi Louis XIII consacre la France à la Vierge Marie le 10 février 1638, deux mois après l’annonce de la future naissance du dauphin, Louis « Dieudonné », futur Louis XIV, attendu depuis plus de vingt ans par le couple royal. Ce dernier consacrera son royaume à saint Joseph.

Mais depuis la Révolution hélas, la protection du saint n’est plus invoquée pour la France. Pourtant, aujourd’hui, celui qui est présenté comme le grand silencieux des Évangiles a toujours à nous dire. Au Bessillon, saint Joseph apparaît seul, sans Marie et sans Jésus. Il témoigne ainsi qu’il peut être un modèle pour les hommes, les époux, les consacrés, mais aussi pour les travailleurs et les mourants. Et Jean-Paul II a invoqué son patronage spécial pour l’évangélisation du monde.

Cotignac et le Bessillon, dont les paysages méditerranéens ressemblent tant à ceux de la Galilée, sont en effet considérés comme des lieux bénis en vue d’une ré-évangélisation à partir de la France. C’est pour cette raison que le frère Hubert-Marie se réjouit que le pèlerinage des pères de famille, né au Bessillon en 1976, rayonne désormais partout dans le monde : une soixantaine en France, soit 10 000 pères en marche sous la figure tutélaire de saint Joseph, sans compter les déclinaisons en Belgique, en Suisse, et en Afrique… Et ces pèlerinages n’ont rien de passéiste : la majorité des pères présents ont moins de quarante ans. Preuve également de la fécondité du lieu : pour la première fois, un grand pèlerinage de prêtres se tiendra au Bessillon du 18 au 20 octobre 2021, au cours de l’année consacrée par le pape à saint Joseph.

Une paternité chrétienne du bien commun

Pour Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon – consacré à saint Joseph –, c’est le mystère de Nazareth que l’on retrouve à Cotignac et au Bessillon. « Ce sont des lieux familiaux très simples, aucune comparaison avec Lourdes, où l’on vient boire à la source après avoir déplacé tous les rochers qui sont les difficultés de nos vies. L’évangélisation ressemble à ce petit filet d’eau qui coule en permanence au Bessillon. » Et il ajoute : « Nous avons la chance d’avoir cet endroit magnifique pour nous ressourcer au sens propre. Profitons-en pour retrouver à travers la figure de saint Joseph notre identité nationale. Le mot patrie renvoie à père… : comment déployer à l’échelle d’un pays une paternité chrétienne du bien commun ? Saint Joseph nous donne ses réponses pour l’avenir de la France : silence et oraison. »