Nous sommes, mon épouse et moi, de vrais rats de musée.Nous passons bien du temps dans les musées au cours de nos voyages et,lorsque nous sommes de retour à la maison — en plein cœur de New York, entourés d’environ soixante-dix musées d’art (sans compter nombre de musées consacrés à la science et à l’industrie) le plus grand de tous étant le vénérable MET : le Musée d’Art Métropolitain sur la 5ème Avenue entre la 80ème et la 84ème rues.
Le MET est l’un des plus grands musées du monde, et le troisième le plus visité (après le Musée du Louvre à Paris et le Musée National de Pékin) — précisément 6 953 927 visiteurs l’an dernier, dont les 27 derniers ne sont pas les moindres. Notre adhésion au MET nous paie de merveilleux dividendes.
Le mot « Musée » vient du Grec « mouseion » — la résidence des Muses — et presque chaque musée visité m’a marqué. Un grand musée est un proche parent d’une grande cathédrale, rendant écho aux pas et aux murmures des visiteurs. Les regards s’accrochent partout, saisis d’admiration à chaaque coup d’œil.
Le MET possède une collection de deux millions d’œuvres d’art ; il faudrait y passer un bon siècle pour tout voir, même en passant trop vite lors de chaque visite.
Selon The Catholic Thing le MET propose un trésor de 406 000 reproductions à haute résolution d’œuvres de ses collections — dont 1700 prises dans sa collection de tableaux Européens — et bon nombre d’entre elles en ont illustré des articles au cours des dix dernières années.
Si vous l’avez visité, vous savez qu’il faut franchir trois paliers de granit gris pour atteindre le grand hall d’entrée du musée. Allant tout droit, puis à gauche ou à droite on atteint par un grand escalier la collection MET d’art médiéval. Et c’est là, lors de notre dernière visite, que j’ai été frappé à l’idée qu’il ne saurait exister un musée de la pointure du MET (ou du Louvre) en l’absence de la foi catholique. Le MET même a un musée-frère, « The Cloisters » (situé sur une hauteur dominant le fleuve Hudson) [N.d.T. : il ne faut pas le rater!] consacré exclusivement à l’architecture, à la sculpture et aux arts décoratifs de l’Europe médiévale, pratiquement toutes œuvres de l’Europe Catholique.
Une certitude — la preuve est donnée par le MET et ses collections multiculturelles — on ne pourrait trouver un magnifique musée d’art qui ne comporterait aucune œuvre d’inspiration Chrétienne. Ou alors ce serait un bien plus petit musée.
Poursuivant notre visite, nous sommes allés dans la Galerie 955 , accès réservé aux membres « MET » pour admirer un tableau unique, inachevé, de l’incontestable plus grand artiste de tous les temps, Léonard de Vinci — Saint Jérôme en prière dans le désert. Le tableau (environ 1480) prêté par les Musées du Vatican sera exposé au MET jusqu’au 6 octobre. La date est choisie pour coïncider avec le 500ème anniversaire de la mort de Léonard de Vinci.
Le MET possède dans ses collections plus de trois douzaines de tableaux représentant St. Jérôme et détient un certain nombre de dessins de Léonard de Vinci, mais ne possède aucune toile de lui, ce qui explique la déclaration de Max Hollein, directeur du MET : « Nous sommes émus d’honorer l’héritage de Léonard de Vinci en exposant ce rare, exceptionnel, tableau. » C’est bien, vous le savez, le fond de sa pensée. (Le Louvre détient six « Léonard de Vinci » !).
St. Jérôme naquit dans la province Romaine de Stridon, en Dalmatie (l’actuelle Albanie) vers l’an 350, et devint Chrétien au début de l’adolescence. Jeune homme, il lisait énormément et poursuivit sérieusement ses études, mais mena une existence guère différente de celle de son contemporain Augustin d’Hippône, plutôt porté sur la « chosette ».
Approfondissant son éveil vers le Christ, et cherchant un lieu désertique de pénitence, il quitta l’Europe et passa quelque temps près d’Antioche où — entre autres activités — il commença à apprendre l’Hébreu, guidé par un vieux Juif converti au Christianisme. Atteignant la trentaine, il fut ordonné, et entama des études sur les Écritures avec Grégoire de Nazianze à Constantinople, puis devint secrétaire du Pape Damase Ier à Rome.
C’est le pape qui a encouragé Jérôme à élaborer une Bible en Latin, qui devint rapidement la versio vulgata, version la plus largement admise et répandue, la « Vulgate ». Et la traduction par Jérôme de l’Ancien Testament fut en grande partie tirée de textes Hébreux, et non Grecs. Pour ces travaux et autres écrits savants, dont l’importance se classe juste derrière les écrits de St. Augustin en ce domaine, Jérôme fut déclaré en 1298 Docteur de l’Église par le Pape Boniface VIII en même temps qu’Augustin, Grégoire le Grand et Ambroise de Milan, tous grands Saints.
Léonard de Vinci s’est appuyé sur La légende dorée, œuvre hagiographique rédigée par le Bienheureux Jacobus da Voragine vers 1260, puis retouchée au cours des siècles par d’autres plumes. Parmi nombre d’éléments vraisemblablement apocryphes on trouve la légende de l’amitié du Saint avec un lion. Léonard de Vinci relie la période de pénitence au désert à la fin de la vie du Saint. Après tout, ce n’est qu’un tableau.
Saint Jérôme en Prière dans le Désert révèle beaucoup de la touche de Vinci. Explications du MET : « Léonard de Vinci ne travaillait pas selon un schéma rigoureux. Il était spécialement soucieux de reproduire par son dessin anatomiquement parfait l’aspect ascétique du Saint. » On sait bien que Léonad de Vinci retouchait ses toiles, cheminant à la recherche de la perfection inaccessible. On sait bien également qu’il entamait une toile, puis la laissait tomber pour peindre par-dessus. On ne saura jamais combien de toiles restent ainsi cachées.
Parmi les sujets d’émerveillement éveillés par le Saint Jérome en Prière dans le Désert se trouve la « signature », en l’occurrence l’empreinte de son pouce. Je plaisantais avec des amis, dont un ancien policier ayant servi dans le groupement « Police de New York – FBI »contre le crime organisé, suggérant l’inclusion de cette empreinte de Léonard dans les fichiers du FBI. Remontant le temps, on ne serait guère étonné d’apprendre que Léonard n’avait pas toujours eu les mains propres, sans compter son pouce.
22 juillet 2019.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/07/22/da-vincis-saint-jerome/
Saint Jérôme priant au désert. Vers 1480 , prêt des musées du Vatican au MET de New York (jusqu’au 6 octobre 2019).