« Délabrement de l’église Saint-Augustin ! » Je ne sais pourquoi, les heures matutinales ont été rythmées par cette demi-phrase, comme si un ange avait voulu attirer mon attention sur le fait que je ne me suis pas particulièrement attaché au scandale du délaissement par la capitale de la France de nos édifices sacrés, délaissement qui est cause d’un grand malaise dans les cœurs des amoureux de Paris !
Monsieur Delanoë n’aurait-il plus d’argent sur le compte de la Ville de Paris pour sauver nos églises et particulièrement cette église emblématique qu’est Saint-Augustin, non seulement parce qu’à jamais liée au souvenir de son premier (?) curé, l’abbé Huvelin, d’heureuse mémoire, qui fut notamment à l’origine de la conversion de Charles de Foucauld, dont le nom vaut bien davantage que ceux de la foule de blancs becs qui tournicotent autour de ce maire, s’imaginant être quelque chose parce que bouffeurs de chrétiens et adeptes de la catastrophique série de mesures et de lois qui à jamais déshonorent notre France, mais parce qu’elle est aussi un jalon de l’histoire de l’architecture. Élevée par Victor Baltard entre 1860 et 1871, elle marque le règne le Napoléon III ; sa structure est originale : Saint-Augustin est en effet le premier édifice d’une telle ampleur qui soit à ossature métallique. Grâce à elle, Baltard put se passer des contreforts habituels. Le terrain n’est pas rectangulaire d’où une façade étroite mais chœur très vaste.
Il faut donc réclamer avec insistance que soient effectués promptement les travaux de restauration qu’exige l’actuel délabrement de cette église : à moins que le maire de Paris soit en train d’imiter nombre de maires du Maine et Loire et d’ailleurs qui attendent à longueur d’années que les églises dont ils ont la charge meurent debout afin de pouvoir un jour les déclarer bonnes pour la décharge.
Cette église parisienne n’est pas un inoubliable chef-d’œuvre, quoique construction des plus honorables, d’un style inspiré des arts roman et byzantin, comme ce fut souvent le cas en ce siècle dix-neuvième ! Sa coupole est digne et pas seulement parce qu’elle culmine à 80 mètres de hauteur…
D’autres églises de Paris, pourtant classées monuments historiques, réclament des soins urgents : afin de financer les frais gloriolâtres, multipliés par quatre, d’une ‘’communication’’ tous azimuts engagée par le Maire, la Ville de Paris a fortement réduit, d’année en année, le budget d’entretien de ces édifices dont la capitale pourtant ne saurait se passer, ne serait-ce que si elle entend continuer à recueillir la manne éloquente du tourisme.
Tout ce qu’a fait M. Delanoë n’est pas à rejeter, certes, même si l’on peut contester sans scrupules bien des « arrangements » liés aux dépenses réservées au service de sa réputation, à la circulation, aux innombrables et importantes subventions attribuées généreusement à des associations plus préoccupées de militantisme politique gauchiste que d’un action culturelle indépendante des modes sexualistes qui fleurissent dans nos théâtres et sur nos écrans : mais si, par malheur, l’une des pierres qui tombent sur les trottoirs de certains de ces édifices prestigieux – notamment du haut de Saint-Augustin – le Maire dispendieux devra en rendre compte devant la justice, lui qui économise sur le nécessaire et obligatoire service de l’entretien de ces monuments historiques et sacrés. J’espère très fortement qu’il va se réveiller et que, dès janvier, il va se précipiter, plein d’effroi, pour assurer ce devoir sans plus mégoter comme il l’a fait depuis des années.
Dominique Daguet