Rome et les lefebvristes, une discussion difficile - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Rome et les lefebvristes, une discussion difficile

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On me permettra de reprendre la thématique du petit livre que je viens de publier à propos de l’initiative de notre pape Benoît XVI pour renouer le dialogue avec la Fraternité Saint-Pie X. Le Saint-Père vient de nommer trois théologiens très compétents à cet effet et le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, a prévenu de l’imminence des premières rencontres. Tout n’est pas négociable, a rappelé le cardinal, car il n’est pas concevable que l’Église catholique renonce à la conception de la liberté religieuse ratifiée par Vatican II. Il n’est pas non plus envisageable d’abandonner les relations nouvelles que l’Église a nouées avec les autres religions, singulièrement le judaïsme.

Est-ce à dire que le dialogue serait compromis dès le départ ? Ce n’est pas parce qu’un dialogue s’avère difficile qu’il ne doit pas être tenté. Cette ouverture dont nous nous targuons avantageusement dès lors qu’elle concerne jusqu’aux plus lointains de nos partenaires religieux, connaîtrait-elle cette seule exception d’un intégrisme catholique insupportable et inadmissible ? Benoît XVI a eu le courage de montrer à propos de la liturgie que c’est l’ensemble de l’Église qui trouvait un intérêt supérieur à la coexistence des rites. L’attachement à la liturgie tridentine pouvait donc être autre chose qu’une crispation anachronique et une fermeture à la réforme. Les deux rites pouvaient mutuellement s’enrichir et les catholiques, fidèles de la messe de Paul VI, approfondir leur méditation et leur pratique pour mieux entrer dans l’action liturgique.

De même, il est possible d’envisager autrement les questions de la liberté religieuse et du dialogue interreligieux. Les préventions et la colère de Mgr Marcel Lefebvre à l’encontre du rassemblement d’Assise avaient quelque chose de blessant pour Jean-Paul II, dont la foi même était ainsi mise en cause, ce qui relevait d’un inadmissible procès d’intention. Mais les griefs traditionalistes à l’encontre d’un possible syncrétisme et d’un relativisme croissant n’étaient pas tous dénués de fondement, eu égard à bien des dérapages et à un étrange déni de la notion de vérité jusque dans des milieux théologiques allergiques à ce qu’on appelait « le retour des certitudes ». Le cardinal Ratzinger, avec l’appui de Jean-Paul II, fut contraint de remettre les pendules à l’heure avec l’instruction Dominus Jesus, qui rappelait que le Christ est l’unique sauveur du monde.

C’est pourquoi il convient d’accueillir les rencontres annoncées comme une chance pour toute l’Église. La tâche n’est pas facile, mais le dialogue œcuménique nous a appris à affronter en commun les débats les plus délicats. Au demeurant, les lefebvristes se veulent défenseurs de toute la tradition de l’Église et de tous ses dogmes sans exception. C’est tout de même un acquis précieux, même si la compréhension de Vatican II devrait les ouvrir à une autre conception de la Tradition, plus dégagée des polémiques exclusives du XXe siècle. En tout état de cause, il faut prier pour que l’unité de la grande église sorte renforcée de l’initiative du Saint-Père.