Les événements qui se produisent en ce moment à Hong Kong devraient solliciter toute notre attention. En effet, les dizaines de milliers de manifestants qui se heurtent à la police du régime ne se laissent pas impressionner par une répression pourtant sévère. Et il semble que le régime communiste soit dans l’embarras face à une révolte dont il craint qu’elle ne s’étende au-delà de la presque-île. Certes Hong Kong est un cas à part, puisque retournée depuis peu dans le giron de la République populaire de Chine, elle est rebelle à l’idéologie officielle et aux structures d’un État totalitaire, pour avoir partagé longtemps la culture politique britannique, et donc occidentale. Ce sont les étudiants qui sont à l’initiative du mouvement. Sans doute sont-ils les plus intellectuellement motivés. Mais ils ont été rejoints par d’autres secteurs de la population. La détermination de dizaines de milliers de manifestants impressionne donc les autorités qui se demandent s’il est judicieux de casser la révolte par la violence, au risque de faire face à une crise semblable à celle déclenchée par les manifestations de la place Tian’anmen en 1989.
On comprend la crainte de dirigeants qui n’ont nullement envie de s’engager dans un nouveau massacre, dont les conséquences furent très sérieuses pour le régime, aussi bien sur le plan intérieur qu’à l’échelon international avec l’immense émotion de l’opinion. Même s’il y a un décalage entre Hong Kong et le reste de la Chine, il n’est pas exclu que la contagion se propage de ville en ville, comme cela s’était produit au moment de Tian’anmen. Car la Chine s’est vraiment réveillée. On se souvient du célèbre livre d’Alain Peyrefitte annonçant ce réveil. Elle est traversée de divers courants que peine à contrôler ou à maîtriser l’appareil central qui demeure pourtant le maître absolu du pouvoir. La dimension religieuse de ces courants n’est nullement à dédaigner. Nous apprenons sans cesse les manœuvres policières propres à juguler l’influence des Églises chrétiennes qui va grandissante. On n’hésite pas sur les moyens, notamment la destruction des églises. À Hong Kong même, l’influence des chrétiens est déterminante dans les événements actuels puisqu’un prêtre fait partie du groupe dirigeant et que la hiérarchie catholique (le cardinal Zen en tête), tout en restant prudente, ne cache pas qu’elle soutient les manifestants.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er octobre 2014.
