Retour sur l'anniversaire des JMJ de 1997 - un bilan pastoral - France Catholique
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Retour sur l’anniversaire des JMJ de 1997 – un bilan pastoral

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Avec les JMJ de Paris de 1997, dont on a fêté les vingt ans cet été, beaucoup saluent ces deux grands hommes d’Église que furent le cardinal Lustiger et Jean-Paul II : deux hommes providentiels, car les JMJ de 1997 à Paris marquèrent un tournant déterminant pour l’Église de France, sa jeunesse, les générations Jean-Paul II, puis Benoît XVI et maintenant François, notamment de nombreux prêtres, religieux et laïcs engagés depuis dans l’Église.

Il ne faudrait cependant pas oublier que durant les années 80-90, l’épiscopat français et « l’appareil » de la Conférence des évêques de France étaient vent debout contre les JMJ, et ce, depuis leur création (et très distants vis-à-vis de Jean-Paul II depuis son élection, et ce, jusqu’aux JMJ de Paris). Les JMJ étaient taxées pour faire court de rassemblement tradis-matique, trusté par les scouts d’Europe et les communautés nouvelles (se démarquant, il est vrai, des doctrines pastorales des années 80 de l’époque). Ces JMJ étaient signe selon eux d’une volonté romaine de ‘restauration’ dans l’Église (critique alors dominante du « Rêve de Compostelle » prêté à Jean-Paul II par Le Monde). La preuve : pendant les années 85-95, la quasi-totalité des diocèses, des aumôneries n’allaient pas aux JMJ : c’était pastoralement incorrect…

L’épiscopat et le presbyterium français de 1997 ont – au dernier moment – volé au succès de ces JMJ de Paris, tant le décalage était flagrant entre l’engouement de toute une jeunesse et les états d’âme de beaucoup de pasteurs (pas tous, loin s’en faut). Depuis, tout le monde dans l’Église de France est pro-JMJ, et les rassemblements-événements dans l’Eglise de France sont devenus un des piliers des pastorales des diocèses.

Selon nous, ce manque de vision et d’anticipation, cette sorte de mépris anti-romain, cette idéologie pastorale typique des vieux réflexes gallicans restent toujours un problème chronique pour l’Église de France :

— On l’a vu par exemple avec l’avènement de la Pop-Louange au début des années 2000 : une grande défiance, une incompréhension, de fortes critiques, du mépris… et 15 ans après : pas un rassemblement d’ados ou de jeunes en France sans un groupe de pop-louange, et tant de pasteurs soulignent son rôle incontournable pour conduire des jeunes à la louange, à l’amour de Dieu, à la prière intérieure, à l’adoration… et pourtant, qu’est-ce qu’on n’a pas entendu ?!…

— On le pressent bien pour ce qui se vit en terme de nouvelle évangélisation : « l’appareil » épiscopal français, bon nombre de prêtres et les milieux intellectuels catholiques restent globalement contre le « concept » ; ils expriment en tout cas un vrai malaise, alors qu’ils devraient lancer et promouvoir dans toute la France des chantiers de réflexion, de mise en œuvre, de formation sur la conversion pastorale et missionnaire, sur l’annonce du kérygme, sur la première annonce, etc., tous ces thèmes étant si chers au pape François. Alors qu’il existe à Rome depuis 2010 un Conseil pontifical dédié à la Nouvelle Évangélisation, aucun service ou direction similaire à la C.E.F. : tout un symbole qui en dit beaucoup, alors que c’est bien l’Église de France qui devrait lancer, développer, promouvoir… des événements comme le Congrès Mission (qui rassemblera près de 2000 personnes fin septembre à Paris), ou le chantier de la transformation de la préparation au mariage pour la rendre résolument évangélisatrice.

Au contraire : là ou ailleurs, c’est le plus souvent le vide astral de l’innovation et de l’anticipation pastorale et missionnaire. Comme voici 20 ans, on relève encore plusieurs trains de retard, de nombreux freins idéologiques, voire pire : une orientation qui devient inverse du cours de l’histoire, de la dynamique apostolique, des signes évidents de l’Esprit. Relisons à ce titre le livre de Ratzinger L’irruption de l’Esprit, Parole et Silence, 2007 : lumineux pour comprendre pourquoi et comment certains s’arc-boutent toujours pour ne pas voir ce que l’Esprit indique depuis Vatican II….

Le cardinal Lustiger n’a jamais été élu à la tête de l’épiscopat français, et ce n’est pas un hasard : la « révolution » qu’il a imposée à Paris et qui est aujourd’hui saluée par tous à l’occasion des dix ans de sa mort et des vingt ans des JMJ de Paris, il l’aurait mise en œuvre dans l’Église de France, mais ses confrères évêques n’en voulaient surtout pas ! C’est pourtant ce qu’il aurait fallu : il est bien le seul évêque de sa génération à avoir marqué son temps, son épiscopat par ses paroles et ses œuvres pastorales. Ce qu’il a fait pour Paris, il l’aurait sans doute fait pour la France. Comme dans la Bible, le prophète fait peur au plus grand nombre car il renvoie chacun à sa médiocrité.

Reste donc à prier pour que le Seigneur nous donne en France de nouveaux Lustiger qui mènent cette transformation missionnaire et visionnaire, lève sans faiblir ces résistances gallicanes et bien-pensantes – mondaines dit le Pape – quasi chroniques dans nos « appareils » cléricaux. Les dernières nominations épiscopales sont prometteuses et le ministère de certains évêques en place depuis 10-15 ans l’est aussi. Reste à transformer l’essai, si on peut dire, à trouver les nouveaux Lustiger qui assumeront de porter la charge de cette transformation indispensable.

Entre-temps, parmi beaucoup d’autres, évêques, prêtres et laïcs, on tente de continuer à « bosser » sur le terrain de cette conversion pastorale, qui est avant tout spirituelle et qui, donc, nous concerne tous personnellement.

Bonne rentrée missionnaire à tous !