Homère, Platon, Aristote... Pour un retour aux classiques - France Catholique
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Homère, Platon, Aristote… Pour un retour aux classiques

Homère, Socrate, Aristote, Virgile… Sous la plume de Jacques Trémolet de Villers, France catholique revient aux classiques. Et explore dans cette nouvelle série, sur les hommes et leurs œuvres, ce que Pie XII appelait « l’Ancien Testament païen ».
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Retourner aux classiques signifie retourner vers l’Antiquité. Dans « retour », il y a une notion de passé. L’actuelle directrice des Belles Lettres, seule maison d’édition dans le monde francophone à éditer les classiques de l’Antiquité grecque, latine et maintenant chinoise, racontait lors du centenaire de cette maison qu’elle s’y était attachée parce que, « quand elle prenait l’autobus, le chauffeur disait toujours : Avancez vers l’arrière »… ce qu’elle a fait en remontant jusqu’à Homère !

Dans le dernier inédit de Gustave Thibon, qui vient de paraître chez Mame sous le titre Propos d’avant-hier pour après-demain, l’auteur cite un vers de Frédéric Mistral dans Les Îles d’or : « Les arbres qui montent le plus haut par leurs branches sont ceux qui descendent le plus bas par leurs racines. » Thibon citait ce vers dans une conférence qui s’intitulait « L’âme du Midi » et qui était toute sur la civilisation méditerranéenne qui a su faire « la synthèse du paganisme hérité des Grecs et des Romains et du christianisme issu du Proche-Orient. Qu’on songe, par exemple, au culte des saints, aux dévotions locales ; il y avait une grande part de superstition là-dedans, je le sais bien, mais il y avait aussi la sève d’une foi vivante ; religion charnelle, certes, mais religion incarnée : omnia instaurare in Christo. Le profane était perméable au divin. “Dans le catholicisme, me disait un moine, il y a du foin à la hauteur de tous les museaux” ».

« Toute vérité vient de l’Esprit Saint »

Ce qui est vrai du Nouveau Testament par rapport à l’Ancien est vrai aussi de la Révélation chrétienne par rapport à ce que le pape Pie XII appelait « l’Ancien Testament païen ».

Notre retour vers les classiques sera donc un retour vers cet « ancien testament païen », dans l’esprit de l’essai de Jean-Marie Paupert sur les « Mères Patries » : « Rome a tête Jérusalem qu’il faut toujours réunir et ne jamais diviser. » Ainsi faisait saint Augustin lorsqu’il commentait Platon ; saint Jérôme et saint Remi quand ils étudiaient Cicéron ; saint Justin quand il disait du meilleur de l’Antiquité « toute vérité, d’où qu’elle vienne, est de l’Esprit Saint ». Nous irons donc vers Homère, Socrate, Platon et Aristote ; Térence, Lucrèce, Virgile, Ovide et Cicéron, non dans un souci d’érudition ou d’archéologie mais, comme l’abeille qui fait son miel avec toutes les fleurs qu’elle rencontre en prenant le meilleur de chacune, pour retrouver ses racines qui donnent un sens au futur.

À la recherche d’une sagesse

Dans le même ouvrage, Gustave Thibon rappelle cette formule de Simone Weil : « Un peuple sans passé est un peuple impropre au surnaturel. » Mais le passé n’est fécond que s’il est recherché comme une source. Il s’agit d’un ressourcement. C’est ce ressourcement qui irrigua la poésie française du XVIe siècle, les œuvres de Corneille, Racine, Molière, La Fontaine. Les Pensées de Pascal sont incompréhensibles sans cette référence, de même que l’œuvre de tous nos moralistes : Montaigne, La Bruyère, La Rochefoucauld, Rivarol, sans parler de nos poètes plus récents, Musset, Lamartine, Victor Hugo, Lecomte de Lisle, Mallarmé, Verlaine, Apollinaire, Paul Valéry, Charles Péguy et Charles Maurras, et nos hommes de théâtre Anouilh, Giraudoux, Guitry, Camus, Sartre…

Ce trésor n’est pas réservé aux savants. Il a été écrit pour tous et il est à la portée de tous, mais tous ne le savent pas et le plus grand nombre croit, sans raison, qu’il n’est pas digne de s’en approcher. Ainsi nous perdons une sagesse qui peut éclairer le présent et l’avenir. Nous irons donc à la recherche de cette sagesse qui est aussi une beauté par les mêmes chemins que nous ont enseignés nos docteurs Augustin et Thomas.