Le cardinal andré vingt-trois a décidé que, pour le prochain Carême, les conférences données habituellement à Notre-Dame de Paris seront consacrées au Concile, sous le titre « Vatican II, une boussole pour notre temps ». On sait que la forme actuelle des conférences consiste en des exposés successifs, avec parfois deux conférenciers qui mettent des accents très différents l’un de l’autre sur les questions abordées. Ainsi verra-t-on traiter des thèmes les plus divers de l’enseignement conciliaire, y compris les plus discutés par les traditionalistes, comme la liturgie et le dialogue interreligieux.
À un demi-siècle de distance, force est d’admettre que le monde a complètement changé, ce qui n’est pas sans conséquences sur la perception que l’on a de Vatican II. En 1962, l’Europe était divisée par le rideau de fer et la planète entière vivait les effets de la guerre froide entre l’Est communiste et l’Ouest libéral. La décolonisation était en état d’achèvement. Dans les pays les plus développés, la société de consommation était en pleine expansion, sans qu’on puisse encore prévoir dans son ampleur la crise qui interviendrait à la fin des années soixante. La constitution Gaudium et Spes, qui définissait les relations de l’Église avec le monde contemporain, souffre, a posteriori, du décalage imposé par l’évolution morale et sociale. Cela ne signifie pas que son enseignement doctrinal est frappé d’obsolescence. Bien au contraire ! Les chapitres qui concernent l’anthropologie chrétienne et la mission de l’Église dans un monde sécularisé n’ont fait que gagner en pertinence. Mais il est vrai aussi que les changements radicaux accomplis nécessitent des révisions importantes. Des problèmes radicalement nouveaux sont apparus, les clivages idéologiques se sont reformulés. Il est indispensable d’en tenir compte.
Par ailleurs, l’enseignement des principaux textes du Concile doit être repris pour être approfondi, et parfois même découvert. Ce qu’on tient trop souvent pour acquis ne l’est guère ou pas du tout. Parfois l’ecclésiologie, si importante pour le Concile, a été ramenée à des slogans, loin de la profondeur de certaines constitutions comme Lumen gentium. Ce n’est pas pour rien que Benoît XVI a beaucoup insisté sur la liturgie, réformée conformément aux principes définis à la première session. Mais c’est l’ensemble du peuple chrétien qui doit se pénétrer du sens de l’eucharistie, sommet de la vie sacramentelle. Les conférences de Carême de Notre-Dame vont donc constituer un moment fort de réappropriation de Vatican II, loin des querelles d’hier et dans les perspectives de la mission de l’Église dans ce siècle commençant.
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Saint Jean XXIII et saint Jean-Paul II dans une histoire commune
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux
- Jean-Paul Hyvernat