Est-il vrai que ceux qui sont les héritiers directs de l’enseignement de Jean-Paul II sur « l’amour humain dans le plan divin » ne seraient pas très présents au second synode sur la famille, comme c’était déjà le cas lors du premier, l’an dernier ? Les représentants de l’Église de Pologne ont fait entendre leur plainte à ce sujet, et on comprend leur peine à l’égard de ce qui pourrait constituer de l’ingratitude. Mais peut-on se soustraire dans l’Église catholique à la règle de la transmission et à celle du développement théologique, dans la ligne magistralement définie par le cardinal Newman ? Sûrement pas ! Qu’on le veuille ou pas, la catéchèse que ce grand pape a développée des années durant, lors des entretiens aux audiences du mercredi, demeure comme un trésor à notre disposition pour éclairer notre perception de l’amour humain.
Bien sûr, cet enseignement ne met pas un point final à la réflexion chrétienne dans un domaine proprement inépuisable et l’expérience montre depuis les origines les difficultés qui s’opposent à la réalisation plénière du mariage sacramentel. Il s’agit toujours, d’une façon ou d’une autre, de s’affronter aux mœurs du temps. Déjà sous l’Antiquité tardive, les chrétiens affirmaient leur différence d’avec certaines pratiques contraires à la dignité humaine. Plus tard, avec les invasions dites barbares, le défi se transforma avec le reflux des coutumes antiques, lesquelles se perpétuèrent à travers le Moyen Âge, en donnant lieu à des conflits directs dans le cadre de la culture féodale. Plus on avancera vers l’époque contemporaine, plus se développera un humanisme équivoque dans son rapport à Dieu et dans une conception sensualiste de la vie, hostile à toute régulation morale.
L’époque actuelle a totalement reformulé la question conjugale, avec la fin des grands systèmes de sens et l’éclatement individualiste du lien social. Mais c’est pour l’Église l’occasion d’un réveil théologique et pastoral, auquel saint Jean-Paul II a conféré une rare vigueur prophétique. Il n’est pas vrai, contrairement à une accusation qui prolifère un peu partout, qu’il ait sollicité les Écritures dans une acception fondamentaliste. Bien au contraire, pour le saint Pape, la Bible était un organisme vivant qu’il fallait interpréter avec sa richesse polyphonique. Mais en même temps, dans la dynamique de l’action salvatrice du Christ, celle qui, pour toute la Tradition depuis les Pères, nous fournit la norme de l’intelligence de la foi.