Pauvre François Hollande ! Cette première année de quinquennat n’a pas été, pour lui, très heureuse. Faut-il y insister, alors que les bilans sont partout aussi amers, parfois vindicatifs ? Si l’on me permet un aveu personnel : il m’arrive de regretter cette hostilité, parfois d’en être choqué. Pourtant, je n’ai pas ménagé moi-même le Président, sur le sujet que l’on sait et je poursuivrai mon combat sans relâche. Mais la semaine où les hebdomadaires se sont déchaînés avec des Unes aussi assassines les unes que les autres, je n’ai pas approuvé. On peut et on doit exercer son jugement critique, surtout lorsque la situation est aussi sérieuse. Lorsqu’on passe à la moquerie, à la dérision, on franchit un degré qui conduit à une disposition d’esprit ravageuse.
J’admets encore une fois que l’on ne soit pas d’accord avec mon point de vue. Cependant, il faut bien prendre garde que lorsque l’autorité se dissout, il y a un risque d’anarchie au pire sens du terme, c’est à dire de dissolution du corps social. Il y a d’ailleurs une certaine cohérence entre le combat pour la famille, l’intégrité de la cellule de base de la société d’une part, et un certain respect pour l’équilibre général de la société et de la nation d’autre part. Je vois bien l’objection qui me sera faite. Comment voulez-vous que l’on respecte les institutions et ceux qui incarnent l’autorité dans le pays, lorsque ce sont les principes fondateurs qui se trouvent bafoués ?
Oui, l’argument est fort. Mais il ne me paraît pas décisif. Car, pour défendre ces principes, nous avons besoin d’institutions qui soient gardiennes du droit. À moins de faire carrément la révolution, ce qui me paraît quant à moi dangereux, plus qu’inopportun et nuisible. Nous sommes en désaccord foncier avec François Hollande et nous entendons nous faire entendre de toutes les façons possible. Oui, nous ne lâcherons pas. Mais, en même temps, nous avons besoin que le Président soit le Président, qu’il soit au minimum considéré et non injurié et démoli moralement. Car en définitive, si nous avons une chance de nous faire entendre, c’est bien auprès de lui. C’est lui qui est capable d’accomplir le geste salvateur que nous souhaitons. Alors, aussi affaibli soit-il, impopulaire, malmené par une partie de ses anciens partisans, nous avons à le considérer comme le chef de l’État investi légalement et légitimement. Monsieur le Président, ce que nous avons à vous faire comprendre, ce dont nous devons vous persuader, nous l’exprimons avec force mais aussi tout le respect qui convient.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 6 mai 2013.
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