République Démocratique du Congo : Holocauste silencieux. - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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République Démocratique du Congo : Holocauste silencieux.

Sœur Marie Bernard Alima nous le rappelle : la guerre civile et les conflits qui perdurent dans les régions du Nord et du Sud Kivu ont fait six millions de morts. « N’est-ce pas l’holocauste de la deuxième guerre mondiale? » interroge-t-elle. « Pourquoi ne veut-on pas parler de notre holocauste? » Par Mario Bard, journaliste à l'AED
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Un holocauste qui se poursuit. En effet, dans une enquête récemment publiée par 84 organisations non gouvernementales, celles-ci font « état d’une situation désastreuse » dans les régions du Sud et du Nord Kivu. L’appel des évêques de la RDC, près d’un an après leur venue au Canada, semble tout aussi actuel, sinon même plus pressant car la situation empire : viols, meurtres, pillages, enlèvements. La liste des exactions demeure longue et leur nombre augmente sans cesse.

Sœur Marie Bernard, secrétaire exécutive de la Commission épiscopale Justice et Paix de la Conférence épiscopale de la République Démocratique du Congo (RDC), ne cachait pas sa colère et son désarroi dans une entrevue accordée au printemps dernier à l’Aide à l’Église en Détresse (AED), entrevue diffusée sur les ondes de Radio Ville-Marie. « Je crois que l’Afrique n’intéresse personne. », disait-elle, voyant que son pays, ainsi que le continent africain, semblent ignorer par la communauté internationale.
Pour appuyer sa déclaration elle donnait plusieurs exemples, dont celui de la MONUC* : le fait qu’il y ait très peu de soldat de pays dits « forts », comme le Canada (12 membres basés à Kinshasa), la France, ou soit carrément absent, comme les États-Unis, représentait un véritable manque de volonté de la part de la communauté internationale pour mettre fin « à ce désordre » qu’est la présence des rebelles dans l’est du pays. L’histoire de la présence de ces ‘rebelles’ en sol congolais est complexe, mais leur but assez bien connu : prendre le contrôle des richesses minières qui abondent dans les régions frontalières. Au nom de qui et de quoi? Plusieurs rumeurs circulent, qui demanderaient des semaines d’enquêtes. Par contre une chose est sûre : « le lien entre le pillage des ressources et le conflit dans la sous-région » a été établi par un rapport de l’ONU sorti en décembre 2008. Celui-ci parlait aussi de la responsabilité des pays voisins dont, secret de polichinelle, le Rwanda. « Maintenant que c’est établi, quelles sont les mesures qu’on arrête pour mettre fin à ce pillage des ressources? », questionnait la religieuse. « C’est la population qui est dans la brousse qui en souffre », affirmait elle. « On a une population traumatisée. Chaque fois qu’on découvre un puits d’or, les populations, au lieu de se réjouir, se disent : ‘Mon Dieu, la guerre va commencer!’ ».

Où est la communauté internationale?

Une question, constamment revenue dans les propos de la religieuse, et qui est toujours présente dans l’esprit des Congolais vivant dans ces régions toujours menacées d’attaques. En août dernier, lors de sa visite dans la région, la Secrétaire d’État américaine, Hilary Clinton, avait soulevé la question des viols inadmissibles des femmes. Elle avait aussi déclaré, en visite à Kigali, capitale du Rwanda voisin : « Nous voulons travailler avec des gens engagés pour un avenir meilleur, et non avec des gens qui se réfèrent au passé ». Des propos que plusieurs congolais ont interprété comme un appel à tout oublier… sans que justice ne soit rendue envers les populations qui continuent à souffrir des exactions des groupes armés.
Ainsi, le 12 août, dans son carnet blogue, la journaliste du quotidien belge Le Soir, Colette Baeckman, écrit à la suite de la visite de Mme Clinton : « Les Congolais ont le sentiment qu’on exige d’eux ce que l’on oserait demander à aucun autre peuple : intégrer dans l’armée des criminels issus des divers groupes armés, donner des postes de responsabilité à des personnages coupables de haute trahison, conclure des accords économiques avec les pays voisins, sans qu’il n’y ait au préalable une évaluation des pillages et des dédommagements dus, et, finalement, oublier les massacres, les exactions, les villages détruits, les millions de victimes, alors qu’ailleurs – et avec raison – elles sont dénombrées à l’unité près… »

L’Église : « un témoin dérangeant à éliminer ».

Sur son site web, la chaîne d’information continue française France 24 citait, le 29 octobre dernier, Philip Alston, rapporteur spécial de l’ONU. Selon lui, l’impunité constitue « une cause principale de la continuation des tueries » dans l’est de la RDC. Des accusations qui furent aussitôt récusées par le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mendé. Selon lui, 2 500 soldats, sur une armée qui en en compte 130 000, sont sous arrêt pour des cas de meurtres, de viols et de vols. « Peut-on accuser d’être adepte de l’impunité un pays qui embastille deux pour cent de ses effectifs militaires? », affirmait-il.

Mais loin de Kinshasa, les attaques sont bien réelles et touchent même les Églises. Le 2 octobre dernier dans la soirée, des militaires ont attaqué la cure de la paroisse catholique des Saints-Martyrs Baganda de Ciherano (province du Sud-Kivu). Neuf militaires ont pillé la maison des prêtres, mis le feu à la cure et emmené un prêtre et un séminariste. Ceux-ci ont été relâchés contre une rançon de 5 000$.

Dans un communiqué, la Conférence épiscopale de la RDC disait toute son indignation : « Ces actes abjects contre des personnes, dont la vie est généreusement dévouée au service des autres, appellent une vigoureuse désapprobation. » Dans le document les évêques rappelaient à quel point l’Église demeure présente. Elle est, en fait, l’une des seules grandes organisations à assurer un service continu, même en période de conflits. Selon eux, en portant atteinte à l’Église, « c’est à la population elle-même que l’on s’en prend, lorsque l’on sait ce que l’Église qui est à Bukavu représente et fait pour ce peuple meurtri par des violences injustes et imméritées. » Une attaque similaire a eu lieu, dans la nuit du 5 au 6 octobre, contre le monastère des frères maristes de Nyangezi, situé à 25 kilomètres au sud de Bukavu, et contre l’internat de l’Institut Weza, géré par les religieux. « La vie des frères et des élèves a été sérieusement mise en danger par des hommes en uniforme qui ont emporté des sommes d’argent de la communauté religieuse et de l’internat. »

Une source ecclésiale (anonyme pour des raisons de sécurité) indiquait à l’agence Fides : « L’Église est un témoin dérangeant ». En effet, « les évêques et l’Église continuent à dénoncer » les nombreuses exactions, et c’est pour cela qu’ils « sont gênants ». Des propos qui rejoignent ceux de Sœur Marie-Bernard. Toujours selon cette source, « l’insécurité, qui dure depuis au moins 15 ans, a pour but de vider le territoire de ses habitants pour mettre la main sur ses immenses richesses. C’est un plan que nous voyons se réaliser sous nos yeux…les groupes armés, qu’on dit combattre, passent en réalité la plus grande partie de leur temps à agresser la population civile et à saccager les villages. »


« Venez à moi, vous qui peinez »

Cette parole du Christ est celle qui réconforte Sœur Marie-Bernard en ces temps de détresse. Une parole qui est également un appel à l’action : « Si chacun pouvait dire : Venez à moi. Si, dans ce monde, tant qu’il y aura un homme, une femme, un enfant qui continueront à souffrir, j’en ferai mon affaire, j’y verrai ma responsabilité, je m’engagerai… je crois qu’il y aurait beaucoup de signes d’espérances. Il y aurait beaucoup de gens qui découvriraient le cœur de Dieu, qui a la dimension de l’humanité, qui accueille tous et chacun, et chacun trouve sa place. » C’est là un appel à la communauté internationale afin qu’elle réagisse urgemment, et concrètement, contre « un génocide qui ne dit pas son nom ».

L’AED a apporté son soutien, pastoral et d’urgence, pour un montant de plus de 3 millions de dollars en 2008.

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*MONUC : Effectif actuel au 30 septembre 2009 Personnel en uniforme : 18 606 dont 16 826 soldats, 692 observateurs militaires et 1 088 policiers. Budget : 1,350 milliards de dollars US.
La force de maintien de la paix la plus importante sur la planète à l’heure actuelle.